3 questions à Nicole Pelletier, directrice alerte et crise à Santé publique France
Au sein de Santé publique France, elle a pour mission de préparer la réponse et l’intervention de l’agence lors de situations sanitaires exceptionnelles ou lors de missions prudentielles. Trois unités la composent : Coordination alerte et crise (UCAC), Etablissement pharmaceutique et Réserve sanitaire.
L’UCAC constitue au sein de Santé publique France, le point focal de réception des signaux et des alertes sanitaires. Elle travaille en lien étroit avec le Centre opérationnel de réception et de régulation des urgences sanitaires et sociales (CORRUSS) de la Direction générale de la santé. Cette unité édite un bulletin quotidien des alertes qui liste l’ensemble des signaux et alertes en cours, leur gestion et leur traitement. Elle prépare toutes les semaines les éléments nécessaires à la Réunion de Sécurité Sanitaire qui se tient au Ministère de la santé tous les mercredis matin avec l’ensemble des agences susceptibles de traiter des alertes sanitaires.
L’établissement pharmaceutique est responsable de l’acquisition et de la distribution du stock stratégique en produits de santé de l’état. Ce stock est constitué principalement d’antidotes à visée NRBC (nucléaire, radiologique biologique et chimique), mais également d’antiviraux ou de dispositifs médicaux (masques chirurgicaux…) pour lutter contre des pandémies.
La Direction Alerte et Crise s’est mobilisée dès le début de l’alerte. Nous avons proposé un mode d’organisation transversal comprenant différents pôles (décision, expertise, coordination, investigation et suivi, ressources humaines) nécessaires à sa gestion. Nous avons un rôle d’organisation et de coordination auprès des différents pôles mobilisés et sommes chargés de faire le lien quotidiennement avec la DGS sur l’action de Santé publique France. Un point interne d’information réunissant toutes les personnes impliquées a lieu quotidiennement pour partager les connaissances sur l’évolution de l’épidémie du coronavirus. Y sont traités la situation épidémiologique en France et à l’international, les scenarii possibles, l’évolution de la définition de cas et ce qu’elle implique en termes d’information des professionnels de santé, les problématiques de suivi des cas confirmés, d’accueil, de confinement et de suivi des ressortissants, d’acquisition de dispositifs médicaux… Tous les échanges, demandes des décideurs et actions de l’agence sont consignés dans une main courante qui permet de tracer toute l’action de Santé publique France.
Sur le terrain, l’établissement pharmaceutique est intervenu à plusieurs reprises pour équiper l’aéroport Roissy Charles de Gaulle en masques chirurgicaux, mais également 26 aéroports nationaux et outre-mer, les trois centres de confinement en matériel médical et médicaments de premier recours ; pour doter les Agences régionales de santé de stocks de masques chirurgicaux destinés à la médecine ambulatoire ou encore mener une réflexion en lien avec la Direction générale de la santé sur la stratégie d’approvisionnement de matériel pour les établissements de santé.
Tout d’abord un fonctionnement bien rodé (tempête IRMA, incendie de Lubrizol…), puis notre faculté à nous adapter et à nous mobiliser de manière très structurée dans un temps très court pour prendre en charge une alerte ou une crise. L’engagement des agents est total H24 et 7/7j. Pour la seule Direction Alerte et Crise s’est près d’une quinzaine de personnes sur la coordination et l’établissement pharmaceutique qui sont sur le pont depuis le début de l’alerte. Sans compter le renfort dont on peut bénéficier d’autres directions, notamment en région. Les effectifs d’astreintes ont été doublés au national comme en région.
Sur le terrain, nous sommes prêts à intervenir très vite. La Réserve Sanitaire est mobilisable en un temps record et l’établissement pharmaceutique dispose de plateformes zonales réparties sur tout le territoire national et en Outre-Mer. Cela nous permet de pré-positionner des stocks pour répondre plus rapidement aux besoins en moins de 6 heures. Enfin, notre capacité à travailler en collaboration avec les autres agences sanitaires comme par exemple avec l’ANSM.