Le changement climatique et la perte de biodiversité sont identifiés comme des menaces majeures pour la santé publique. Des impacts sont déjà observables en France et partout dans le monde, comme l’augmentation des évènements climatiques extrêmes, l’émergence et la sévérité de certaines maladies infectieuses comme les zoonoses ou les maladies vectorielles, etc. Pour protéger la santé des générations actuelles et futures, il faut désormais s’adapter à un nouveau climat, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, et en préservant la biodiversité.
Une action conjointe au niveau international
En 2021, Santé publique France a engagé au sein de l’association IANPHI* une réflexion pour renforcer la capacité des agences et professionnels de santé publique à contribuer au dimensionnement et à l’évaluation des politiques publiques d’adaptation et d’atténuation du changement climatique. Les premiers enseignements de ce travail et les perspectives pour les années à venir seront présentées avec la participation de Santé publique France, le 10 novembre 2021, au pavillon de l’Organisation Mondiale de la Santé à la COP26.
Les agences nationales de santé publique : des acteurs clés
Ce travail souligne un besoin urgent d’agir, afin d’atténuer les conséquences que le changement climatique pourrait avoir sur la santé des populations. Les agences nationales de santé publique, à travers leurs fonctions de détection et de prévention des risques pour la santé, ont un rôle clé à jouer dans la réalisation de cet objectif.
Santé Publique France travaille ainsi de concert avec IANPHI pour renforcer la capacité des instituts de santé publique sur les enjeux de climat et de biodiversité. A travers du partage de connaissance, des études de cas et des collaborations intersectorielles, les deux entités souhaitent notamment développer des indicateurs communs des impacts sanitaires du changement climatique.
Membre actif depuis 2007, au sein de l’Association Internationale des Agences Nationales de Santé publique (IANPHI), Santé publique France assure et héberge le secrétariat depuis 2016. Un nouvel accord a été signé pour 4 nouvelles années (2022-2025), réaffirmant l’engagement continu de l’agence et la contribution à son animation.
Santé publique France et IANPHI : un objectif commun à défendre à la COP26
Le Pr. Geneviève Chêne, directrice générale de Santé Publique France au côté du Pr. Duncan Selbie, président de IANPHI, interviendront durant la COP 26 depuis le pavillon officiel de l’OMS pour souligner l’enjeu majeur de santé publique que représente le changement climatique, la nécessité de prendre en compte la santé des populations dans l’élaboration de politiques menées dans ce domaine, ainsi que la détermination de la santé planétaire en tant que nouveau cadre d’action.
L’objectif est de réaffirmer la nécessité de mettre en place des politiques nationales de lutte contre le changement climatique afin de pallier les inégalités qu’elles induisent et de protéger la biodiversité. Si l’augmentation des températures persiste durant les prochaines années et dépasse les 1,5 degrés, les conséquences sur la santé globale des populations seront nombreuses, impactant le bien-être des générations futures, menant à une augmentation de la mortalité précoce et à une multiplication des maladies.
Dans la continuité des précédents accords internationaux sur le climat, la COP26 permettra la discussion d’enjeux majeurs tels que la perte de biodiversité, le dérèglement climatique ainsi que leurs conséquences sur la santé des populations. IANPHI identifie le changement climatique comme une menace majeure pour la santé et le bien-être de la population mondiale, mais également comme un responsable d’inégalités et de crises socio-économiques.
Les travaux et l’engagement de Santé publique France dans la lutte contre le changement climatique
Depuis 2003, l’agence est engagée dans l’acquisition de connaissances, la sensibilisation et l’information sur les liens entre changement climatique et santé, à travers des études à l’échelle locale, nationale, et des collaborations européennes et internationales. Nous développons également des outils pour soutenir les politiques d’adaptation, de transition écologique et d’atténuation, en illustrant la gravité des effets du changement climatique, et en soulignant les co-bénéfices sanitaires de ces politiques.
Des indicateurs pour favoriser l’intégration de la santé publique dans les politiques d’adaptation au changement climatique
Les impacts sanitaires du changement climatique couvrent tous les champs de la santé publique. Pourtant, ils sont encore peu pris en compte dans les politiques d’adaptation au changement climatique. Santé publique France a mené une réflexion sur la création d’indicateurs de danger, d’exposition, de vulnérabilité, d’impact et d’intervention utiles aux professionnels de l’environnement, de l’urbanisme et aux professionnels de santé publique pour les amener à collaborer et, à terme, à contribuer à l’intégration de la santé dans toutes les politiques.
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Changement climatique et vagues de chaleur
Le changement climatique entraîne des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et étendues. L’impact sanitaire nécessite une prévention très rapide et des interventions de fond pour rendre les villes plus résistantes face à la chaleur : végétalisation du bâti, choix de matériaux de construction adaptés, réduction de l’artificialisation des sols en favorisant leur porosité et en redonnant une place à l’eau...
Santé publique France et l’Institut Paris Région ont étudié l’influence de certaines caractéristiques urbaines propices à la formation des îlots de chaleur sur la relation entre la température et la mortalité. Les résultats de cette étude publiés en 2020 montrent que le risque de mortalité lié à la chaleur est plus faible dans les communes avec le plus de végétation, d’arbres et des sols moins artificialisés.
En savoir plus :
- adapter les villes à la chaleur : une nécessité pour réduire l’impact sanitaire des fortes chaleurs
- influence de caractéristiques urbaines sur la relation entre température et mortalité en Île-de-France
- infographie - Mieux vivre avec la chaleur en ville
Par ailleurs, Santé publique France contribue au suivi et la prévention des vagues de chaleur extrêmes, en collaboration avec Météo-France et le ministère chargé de la Santé. Chaque année, dans le cadre de la veille saisonnière et lors d’épisodes de canicule, Santé publique France produit de synthèses nationales et régionales en lien avec la situation météorologique et sanitaire, et rappelle les gestes simples à adopter pour lutter contre l’impact sanitaire des fortes chaleurs à travers différents outils de communication.
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Changement climatique et catastrophes sanitaires
Le changement climatique modifie les caractéristiques des évènements climatiques extrêmes, les rendant par exemple plus fréquents, plus intenses, ou touchant des territoires nouveaux. Par exemple, la vitesse des vents observés lors des cyclones Irma et Maria, qui ont contribué à leur potentiel de destruction, est attribuable au changement climatique.
Santé publique France assure la surveillance et l’évaluation des risques au décours d’évènements climatiques extrêmes, et contribue à la réponse immédiate via la réserve sanitaire.
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Changement climatique et déterminants de santé
Santé publique France travaille sur les déterminants de santé qui peuvent être influencés directement de manière positive par des politiques de réductions des émissions de gaz à effets de serre, notamment en lien avec la pollution de l’air, la nutrition et activité physique. Les politiques climatiques peuvent être associées à d’importants co-bénéfices sanitaires lorsqu’elles permettent d’améliorer ces déterminants.
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Changement climatique et maladies vectorielles
Le changement climatique, associé à la globalisation, l’urbanisation et la déforestation, contribue à l’augmentation de la transmission des maladies à transmission vectorielle, en particulier transmises par le moustiques Aedes albopictus aussi appelé moustique tigre. Le moustique Aedes albopictus aussi appelé moustique tigre se propage depuis plusieurs années en Europe et en France. Il peut transmettre les virus de la Dengue du Chikungunya et du Zika.
Chaque année, de novembre à mai, grâce au dispositif de surveillance mis en place, Santé publique France publie les nombres de cas de chikungunya, de dengue et de zika détectés en France métropolitaine.
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Voir aussi
- Émergences de dengue et de chikungunya en France métropolitaine, 2010-2018
- Première transmission vectorielle du virus Zika en Europe : enquête de séroprévalence pour étudier l'étendue de l'émergence dans le Var en novembre 2019
- Vector-borne transmission of Zika virus in Europe, southern France, August 2019
- Chikungunya, dengue, zika - Résultats de la surveillance 2021
* IANPHI (Association internationale des instituts de santé publique) a été créée en 2006 par plusieurs directeurs d’instituts nationaux (Etats Unis, Chine, Brésil, Finlande, Mexique). Elle regroupe 110 membres de 95 pays.