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Etude PEPS’ PE : enquête de consultation sur les effets sanitaires à surveiller en priorité pour leur lien avec les perturbateurs endocriniens

Dans le cadre de la 2e Stratégie Nationale sur les Perturbateurs Endocriniens, Santé publique France lance, à partir de septembre 2021, une consultation d’experts et de parties prenantes impliquées dans le domaine afin de prioriser les effets sanitaires à surveiller pour leur lien possible avec une exposition aux perturbateurs endocriniens.

Publié le 30 juin 2021
Dans cet article

Les expositions et les effets possiblement en lien avec les perturbateurs endocriniens représentent de véritables enjeux de santé publique. Ces effets pourraient-être en grande partie évitables, en particulier pour les générations futures (substitution de produits, réglementation, remédiation, recommandations, etc.), et certaines mesures ponctuelles sont déjà prises (interdiction du BPA dans les biberons, limitation de l’utilisation des phtalates, recommandations aux femmes enceintes).

La complexité de cette thématique est source de débats et la médiatisation d’études sur certaines substances a amené l’opinion publique à s’emparer de la question. Dans ce contexte, la mobilisation et le travail en synergie de toutes les parties prenantes, aussi bien du gouvernement, que des collectivités, des acteurs économiques, des associations, des professionnels de santé et de l’éducation, des scientifiques et des experts, s’impose. C’est pourquoi, Santé publique France, de par sa mission de surveillance des expositions et des effets sanitaires en lien avec les perturbateurs endocriniens, joue pleinement son rôle et lance une large consultation afin d’interroger un panel de participants sur deux volets : scientifique et sociétal.

Pourquoi cette étude et dans quel objectif ?

La surveillance des effets sanitaires en lien avec les perturbateurs endocriniens menée actuellement concerne certains indicateurs de la santé reproductive priorisés en 2015 sur la base du poids des preuves à l’aide du réseau d’experts internationaux HURGENT [1]. Néanmoins, la littérature scientifique rapporte de plus en plus d'autres effets sur la santé humaine [2, 3] (troubles du développement neurologique, maladies métaboliques, troubles de la thyroïde, etc.) et les attentes des pouvoirs publics et de la société civile sur ce sujet sont croissantes.

Santé publique France étudie la pertinence et la faisabilité d’élargir la surveillance des indicateurs sanitaires en lien avec les perturbateurs endocriniens. C’est pourquoi un travail de priorisation a été engagé avec le projet PEPS’PE (priorisation des effets sanitaire à surveiller dans le cadre du programme de surveillance en lien avec les perturbateurs endocriniens de Santé publique France), dans le but d’identifier des indicateurs sanitaires qui devraient prioritairement faire l’objet d’une surveillance spatio-temporelle par l’agence, et à terme de disposer d’indicateurs utiles à l’évaluation des actions. Ces surveillances devront s’inscrire à une échelle suffisamment vaste (France entière avec DROM). 

Méthodologie de l’étude

La méthodologie proposée est une combinaison des données de la littérature disponibles et d’une consultation d’experts et des parties prenantes via la méthode de consensus DELPHI. Ce travail s’inscrit dans une logique de suivi sanitaire et non dans une approche par substance ou exposition : il s’agit de suivre l’évolution d’un indicateur sanitaire en population générale pour son lien suspecté avec une exposition aux perturbateurs endocriniens, pas de caractériser l'effet d'un produit PE (ou d’un groupe de produits).

Deux critères de priorisation seront évalués : 

  • Le poids des preuves concernant l’association entre l’effet sanitaire et une exposition aux PE,
  • L’intérêt de mettre en place une surveillance de cet indicateur en prenant en compte : 
    • l’intérêt épidémiologique (gravité, taux d’incidence),
    • la préoccupation sociétale. 

Dans l’objectif d’assoir la programmation de l’agence, Santé publique France analysera par la suite la faisabilité de surveiller les effets ressortis prioritaires.

La méthode Delphi : c’est quoi ?

La méthode de consensus Delphi a pour objectif de mettre en évidence une convergence d’opinions. Par l’intermédiaire d’un questionnaire, chaque participant prend connaissance des avis des autres et peut revoir ses arguments et ses positions. Chaque avis reste anonyme et les experts n’interagissent jamais directement. La méthode Delphi procède donc par itérations. Les réponses sont collectées et synthétisées puis remises à disposition des experts pour qu’ils s’expriment à nouveau. Ce processus se répète autant de fois que nécessaire, jusqu’à l’obtention de consensus et/ou la mise en évidence de divergences d’opinions.

Quels sont ses avantages ?

  • apporte des éléments de décision dans les cas où l’on ne peut s’appuyer ni sur les certitudes scientifiques ni sur la réglementation,
  • permet d’interroger à distance un grand nombre de participants,
  • permet d’interroger des experts et parties prenantes avec des compétences, des parcours et des domaines d’expertises variés, 
  • garantit l’anonymat des participants,
  • permet d’éviter l’effet « de personnalités » (notoriété, charisme, leadership…),
  • permet l’expression de connaissances difficilement accessibles (non publiées par exemple).

Déroulement de l'étude

Les participants préalablement ciblés dans le cadre de cette enquête seront interrogés par questionnaires accessibles en ligne : un questionnaire pour le volet scientifique, un autre questionnaire pour le volet sociétal. 

Les participants seront pré-identifiés pour certains effets sanitaires mais ils auront également la possibilité de sélectionner les thématiques sur lesquelles ils souhaitent être interrogés.

Le remplissage d’un questionnaire prend 15 minutes maximum par catégorie d’effets sanitaires. Les réponses seront anonymes. Conformément à la méthode Delphi, plusieurs tours de questionnaires sont prévus avec un délai de réponse de 3 semaines.

Qui va participer à cette étude ?

Plusieurs experts et parties prenantes impliqués dans la problématique des PE ont été identifiés pour participer à cette étude. Deux groupes de participants ont été formés afin de répondre à chacun des deux questionnaires. 

  • Groupe n°1 : experts du domaine scientifique nationaux et internationaux (épidémiologistes, toxicologues, universitaires, etc.) pour le volet scientifique.
  • Groupe n°2 : parties prenantes du champ (SNPE1, SNPE2, conseil d’administration de Santé publique France …) pour le volet sociétal hors participation au groupe 1 en tant que scientifique et hors administrations centrales et opérateurs de l’Etat. 

A noter que les participants sont sélectionnés pour participer à l’un ou l’autre des questionnaires, mais ne pourront pas répondre aux deux questionnaires.

Comment seront restitués les résultats ?

A l’issue de cette consultation, un premier rapport sera produit puis une mise en consultation publique sera effectuée en 2022. Plusieurs restitutions seront ensuite organisées pour discuter des résultats et des suites à donner.

1 Le Moal J, et al., Toward a multi-country monitoring system of reproductive health in the context of endocrine disrupting chemical exposure. European Journal of Public Health, 2016. 26(1): p. 76-83.
2 Programme, U.N.E. and W.H. Organization, State of the Science of Endocrine Disrupting Chemicals. 2012.
3 Kortenkamp A, et al., State of the art assessment of endocrine disruptors. 2012, European Commission.