Alcool : données
Des chiffres préoccupants
La consommation d’alcool a beaucoup diminué en France puisqu’elle est passée de 26,0 litres d’alcool pur en moyenne annuelle par habitant âgé de 15 ans et plus en 1961 à 11,7 litres en 2017. Néanmoins, cette tendance à la baisse n’est plus observée ces dernières années et la consommation de boissons alcoolisées demeure profondément ancrée dans les pratiques culturelles françaises. Pourtant, l’alcool reste une source importante de mortalité et de morbidité en France.
L’alcool est une des 3 premières causes de mortalité évitable
En 2015, 41 000 décès sont estimés être attribuables à l’alcool dont :
- 30 000 décès chez les hommes,
- 11 000 décès chez les femmes.
Ceci inclut 16 000 décès par cancers, 9 900 décès par maladies cardiovasculaires, 6 800 par maladies digestives, 5 400 pour une cause externe (accident ou suicide) et plus de 3 000 pour une autre maladie (maladies mentales, troubles du comportement, etc.).
La mortalité attribuable à l'alcool en France en 2015
En savoir plusL’alcoolisation fœtale est la 1ère cause de handicap non génétique en France
Entre 2006 et 2013, 3 207 nouveau-nés ont, lors de leur séjour hospitalier, eu un diagnostic pour troubles causés par l’alcoolisation fœtale (TCAF) durant la période néonatale, soit 0,48 cas pour 1 000 naissances, incluant 0,07 cas de syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) pour 1 000 naissances.
Au niveau régional, la proportion d’enfants diagnostiqués pour TCAF était plus importante à La Réunion (1,22‰), en Haute‑Normandie (1,02‰), en Champagne‑Ardenne (0,90‰), et dans le Nord‑Pas‑de‑Calais (0,90‰).
On observait, entre les périodes 2006‑2009 et 2010‑2013, une diminution significative du nombre d’enfants diagnostiqués pour un SAF mais une augmentation du nombre des autres troubles liés à une alcoolisation fœtale (aTCAF).
Ces résultats sous‑estiment probablement l’importance des TCAF, notamment du fait de la difficulté de repérer les enfants présentant de tels troubles.
Surveillance des troubles causés par l'alcoolisation foetale : analyse des données du programme de médicalisation des systèmes d'inform...
En savoir plusLa consommation d’alcool est plus courante chez les hommes
En 2017, la consommation d’alcool restait courante et à un niveau relativement stable par rapport aux années précédentes :
- 87% des 18-75 ans ont consommé de l’alcool au moins une fois dans l’année ;
- 21% déclaraient avoir connu une ivresse dans l’année ;
- 10% étaient des consommateurs quotidiens ;
- 5% consommaient six verres ou plus en une même occasion toutes les semaines.
En 2017, la consommation d’alcool était plus courante chez les hommes et l’écart entre sexes était d’autant plus marqué que la fréquence de consommation augmentait.
Ainsi,
- 29,8% des hommes consommaient de l’alcool entre une et trois fois par semaine contre 20,3% des femmes.
- Les hommes étaient trois fois plus nombreux à consommer de l’alcool quatre à six fois par semaine (7,6% vs 2,6%) ou tous les jours (15,2% vs 5,1%).
- La consommation moyenne un jour type était :
- parmi les hommes de 2,8 verres ;
- parmi les femmes de 1,8 verre.
Les modes de consommation diffèrent selon l'âge
En 2017, parmi les 18-75 ans, les consommateurs d’alcool dans l’année buvaient en moyenne 2,3 verres d’alcool 98 jours par an. La moyenne du nombre de verres d’alcool consommés par jour de consommation décroissait progressivement avec l’âge, de 3,3 verres parmi les 18-24 ans à 1,7 verre parmi les 65-75 ans.
L’alcool quotidien est plus fréquent chez les personnes plus âgées.
En 2017 :
- 26,0% des personnes de 65-75 ans déclarent une consommation quotidienne d’alcool contre 2,3% des 18-24 ans.
- Le nombre de jours de consommations par an augmente, passant de 67 jours de consommation parmi les plus jeunes à 152 jours parmi les plus âgés.
Les ivresses sont surtout observées chez les jeunes
En 2017,
- La part des personnes déclarant au moins une API était de 54,1% parmi les 18-24 ans puis décroissait régulièrement avec l’âge, atteignant 19,7% parmi les 65-75 ans.
- Les ivresses régulières (au moins dix ivresses au cours des 12 derniers mois) s’observaient principalement chez les jeunes de 18 à 24 ans et concernent 19,4% d’entre eux en 2017, contre moins de 1% des plus de 55 ans.
- Parmi les jeunes adultes âgés de moins de 25 ans, les tendances récentes montrent une stabilité des alcoolisations excessives, ceci faisant suite à une décennie d’augmentation, notamment des ivresses régulières, entre 2005 et 2014.
Une évolution des comportements
Des ivresses plus fréquentes mais des alcoolisations ponctuelles importantes qui baissent
La part des 18-75 ans consommant de l’alcool quotidiennement diminue. Elle est passée de 24% en 1992 à 11% en 2010, 9% en 2014 et 10% en 2017.
Cependant, les ivresses semblent être plus fréquentes, en particulier par rapport aux années 2000. La proportion de personnes déclarant une ivresse dans l’année était de 21% en 2017, contre 19% en 2014 et 14% en 2005 ; la proportion de personnes en déclarant au moins dix atteignait 4% en 2017, contre moins de 2% avant 2005.
En revanche, la part des personnes ayant connu une API dans l’année apparaît en baisse en 2017 (35%) par rapport à 2014 (38%), après une décennie d’augmentation. Ces évolutions, qui semblent contradictoires, peuvent s’expliquer en partie par la confrontation entre une mesure objective d’une part (avoir consommé au moins six verres en une occasion), subjective d’autre part (l’état d’ivresse, sachant qu’aucune définition n’est donnée dans la formulation de la question et que les représentations de l’ivresse ont pu évoluer). Elles peuvent également refléter la difficulté à décrire précisément les épisodes de consommations ponctuelles et importantes d’alcool.
Parmi les jeunes adultes âgés de moins de 25 ans, les tendances récentes montrent une stabilité des alcoolisations excessives, ceci faisant suite à une décennie d’augmentation, notamment des ivresses régulières, entre 2005 et 2014.
Des évolutions de comportement de même nature chez les hommes et les femmes
La consommation d’alcool pendant la grossesse est minoritaire mais n’est pas rare
En 2017, parmi les mères d’enfants de cinq ans ou moins, 11,7 % (IC 9,9 %‑13,8 %) déclaraient avoir consommé de l’alcool au cours de leur dernière grossesse :
- 10,7 % déclaraient l’avoir fait uniquement pour les grandes occasions,
- < 1% déclaraient avoir consommé plus d’une fois par mois mais moins d’une fois par semaine
- < 1% déclaraient avoir consommé de l’alcool une fois par semaine ou plus (Figure 1).
Parmi les femmes ayant déclaré avoir consommé au moins lors des grandes occasions, 51,0 % déclaraient n’avoir consommé que quelques gorgées d’alcool les jours où elles en ont consommé.
Les femmes les plus âgées (35 ans ou plus) et les plus diplômées (niveau de diplôme supérieur au bac) avaient une probabilité plus grande d’avoir déclaré une consommation d’alcool lors de leur dernière grossesse.
Parmi les femmes enceintes lors de l’enquête Baromètre de Santé publique France 2017, 10,7 % (IC 6,9 %‑16,3 %) déclaraient avoir consommé de l’alcool depuis qu’elles avaient eu connaissance de leur grossesse.
Les risques de l’alcool pendant la grossesse restent sous évalués malgré une prise de conscience collective
Selon la dernière enquête de Santé publique France réalisée au mois de mai 2017, enquête « omnibus » par quotas réalisée sur un échantillon de 1004 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans ou plus, le message « zéro alcool pendant la grossesse » est mieux intégré :
- 44 % des Français vs 25 % en 2015 déclarent spontanément qu’il n’existe pas de consommation d’alcool sans risque pour l’enfant ;
- 64 % des Français vs 53 % en 2015 savent qu’un verre de vin ou de bière est tout aussi dangereux qu’un verre d’alcool fort ;
- 33 % de la population sait que l’alcool comporte des risques tout au long de la grossesse, vs 20 % en 2015.
Par ailleurs, certaines fausses croyances sont en net recul :
- 21 % des Français, vs 27 % en 2015, pensent qu’il est conseillé de boire un petit verre de vin de temps en temps pendant la grossesse.
On observe également une évolution des représentations sociales liées à la consommation d’alcool pendant la grossesse : 75 % des Français se disent choqués par ce comportement alors qu’ils n’étaient que 69 % en 2015. Les effets néfastes de l’alcool sur la santé de l’enfant, tels que les retards de croissance, les anomalies physiques ou encore les troubles de la mémoire, sont également mieux connus.