Santé sexuelle : les enjeux de santé
La prévention des infections sexuellement transmissibles, des grossesses non prévues, des violences sexuelles sont autant d’enjeux de santé publique. Pour y répondre, le programme « Santé sexuelle » conduit par Santé publique France s’appuie sur la Stratégie nationale de santé sexuelle Agenda 2017-2030.
Qu’est-ce que la santé sexuelle ?
Selon la définition de l’OMS adoptée de 2002, la santé sexuelle est « un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social associé à la sexualité. Elle ne consiste pas uniquement en l'absence de maladie, de dysfonction ou d'infirmité. La santé sexuelle a besoin d'une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, et la possibilité d'avoir des expériences sexuelles qui apportent du plaisir en toute sécurité et sans contraintes, discrimination ou violence. Afin d'atteindre et de maintenir la santé sexuelle, les droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés, protégés et assurés. La sexualité est un aspect central de la personne humaine tout au long de la vie et comprend le sexe biologique, l’identité et le rôle sexuels, l’orientation sexuelle, l’érotisme, le plaisir, l’intimité et la reproduction. La sexualité est vécue sous forme de pensées, de fantasmes, de désirs, de croyances, d’attitudes, de valeurs, de comportements, de pratiques, de rôles et de relations. Alors que la sexualité peut inclure toutes ces dimensions, ces dernières ne sont pas toujours vécues ou exprimées simultanément. La sexualité est influencée par des facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, économiques, politiques, culturels, éthiques, juridiques, historiques, religieux et spirituels. »
Pour en savoir plus
Que recouvre précisément le domaine de la santé sexuelle ?
La santé sexuelle est un vaste ensemble touchant à la fois la sexualité et la santé reproductive. Elle concerne les domaines suivants :
- Les Infections Sexuellement Transmissibles (IST) dont le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) - Syndrome d’Immunodéficience acquise (SIDA)
- Les grossesses non prévues / l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) / la contraception
- Les troubles sexuels / l’infertilité
- Les violences sexuelles et liées au genre
- La santé sexuelle des jeunes et l’éducation à la sexualité
- L’orientation sexuelle et identité de genre
- Les questions de santé mentale relatives/associées à la santé sexuelle
- L’impact des handicaps physiques et des maladies chroniques sur le bien-être sexuel
- La promotion d’expériences sexuelles sans danger (dites « safe ») et satisfaisantes
Quels sont les trois piliers de la santé sexuelle ?
- L’autonomie
Celle-ci implique que chacun ait la possibilité d’avoir un contrôle sur sa propre sexualité. Chaque individu doit pouvoir accepter ce qui lui convient et refuser ce qui ne lui convient pas. Toute personne doit pouvoir décider librement de ce qui touche à sa sexualité, en choisissant le(s) partenaire(s) de son choix et les pratiques sexuelles qu'elle souhaite, sans discrimination ni coercition. Au-delà de la garantie des moyens de subsistance minimaux (limitant les risques de relations sexuelles tarifées non librement consenties aux fins d’accéder à un toit ou à des ressources vitales), au-delà des droits et de la protection publique, c’est l’accès aux outils et informations qui ouvrent ces possibilités, en permettant d’avoir un regard critique et autonome sur sa propre sexualité.
- La satisfaction
Celle-ci ne se limite pas à la seule notion d’absence ou de présence du plaisir et de l’orgasme. En effet, l'atteinte d'un sentiment général de satisfaction sexuelle peut souvent exiger bien plus que la seule satisfaction des sens. Ainsi, les dimensions sociales (adéquation de sa sexualité vécue ou de son potentiel avec ses aspirations propres, ses valeurs), psychiques (estime et image de soi) ou encore émotionnelles (présence et qualité des relations affectives) ont un impact majeur sur la satisfaction sexuelle.
- La sécurité
Les politiques de prévention actuelles jouent ici un rôle essentiel puisqu’il s’agit de donner aux personnes les moyens de vivre une sexualité sans risque. La sécurité suppose de la part des individus la capacité à percevoir les situations qui présentent un risque pour leur santé et à y apporter des réponses mais également à identifier leurs moments de vulnérabilité et à les anticiper.
Quelle situation pour la France ?
En France, les indicateurs globaux de la santé sexuelle mesurée à travers la notion d’autonomie, de sécurité et de satisfaction sont relativement bons par rapport à ceux d’autres pays :
- En 2016, parmi les femmes concernées par la contraception, 82% utilisent une méthode pour éviter une grossesse ;
- Depuis les années 2000, plus de 85% des jeunes utilisent un préservatif lors de leur premier rapport sexuel ;
- Plus de 80% des hommes et des femmes se déclarent satisfaits de leur vie sexuelle.
Cependant, d’autres indicateurs liés à la santé sexuelle sont peu satisfaisants :
- Malgré des progrès dans la reconnaissance des droits des personnes LGBT, des attitudes discriminatoires et violentes persistent à leur encontre : en 2019, 35 % des LGBT ont déclaré avoir fait l’expérience d’au moins une forme de discrimination au cours de leur vie en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre.
- Malgré un niveau de contraception élevé, un tiers des grossesses reste non prévues dans un contexte de sous-utilisation de la contraception d’urgence.
- Si, dans la grande majorité des cas, le premier rapport sexuel est souhaité « à ce moment-là », 11% des femmes rapportent avoir cédé aux attentes de leur partenaire et 2% des femmes déclarent avoir été forcées à avoir ce rapport.
- 19% des femmes et 5% des hommes âgés de 18-69 ans déclarent avoir déjà été confrontés à des tentatives ou à des rapports forcés au cours de leur vie.
- La transmission du VIH reste active en France avec plus de 6 000 découvertes de séropositivité VIH chaque année. Les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) et les personnes nées à l’étranger (dont 80% sont nées dans un pays d’Afrique subsaharienne) restent les deux groupes les plus touchés. Parallèlement, la progression de certaines IST bactériennes (gonococcies et chlamydioses) se poursuit chez les HSH mais également chez les jeunes hétérosexuels.
- 25% des écoles ne mettent en place aucune action d’éducation à la sexualité malgré l’obligation légale.
Pour en savoir plus :
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