Saturnisme de l’enfant : la maladie
Le saturnisme infantile
Le saturnisme infantile est l’intoxication d’un enfant par le plomb. Toujours présent en France, le saturnisme infantile peut avoir de lourdes conséquences pour les enfants. Ainsi, le saturnisme infantile est une maladie à déclaration obligatoire. Dans ce contexte, les enjeux de Santé publique France sont d’assurer la surveillance épidémiologique du saturnisme ainsi que de son dépistage.
Le plomb n'a aucun rôle physiologique connu chez l'homme. Sa présence dans l'organisme témoigne donc systématiquement d'une contamination. Le plomb incorporé par voie digestive, respiratoire ou sanguine (mère-fœtus) se distribue dans le sang, les tissus mous et surtout le squelette (94 %), dans lequel il s’accumule progressivement et reste stocké très longtemps (demi-vie >10 ans).
La plombémie (taux de plomb dans le sang) mesurée sur sang veineux est l’indicateur retenu pour évaluer l’imprégnation par le plomb. La plombémie reflète un état ponctuel d'équilibre entre un processus de contamination éventuellement en cours, le stockage ou le déstockage du plomb osseux, et l’élimination (excrétion, phanères, sueur). Après arrêt d’un processus d’intoxication, la plombémie diminue avec une demi-vie de 20 à 30 jours jusqu’à un nouvel équilibre dont le niveau est fonction du stock osseux. La plombémie s’exprime généralement en microgrammes par litre (µg/L).
Les enfants en bas âge sont une cible particulière de l’intoxication parce qu’ils ingèrent plus souvent du plomb du fait de leur activité main-bouche, que leur coefficient d’absorption digestive est élevé et que leur système nerveux est en développement.
Le cas de saturnisme chez l’enfant a été défini à partir de la plombémie. Depuis juin 2015, un cas est défini comme une personne de moins de 18 ans dont la plombémie atteint ou dépasse le seuil de 50 µg/L (anciennement 100 µg/L).
Pour Santé publique France, les enjeux sont de surveiller les données épidémiologiques du saturnisme de l’enfant et de son dépistage, afin d’identifier et de réduire les risques d’exposition au plomb.
Les sources d’exposition au plomb
Les principales expositions à risque de saturnisme chez l’enfant sont :
- Les poussières et les écailles de peinture au plomb (« à la céruse ») présentes dans les logements construits avant 1975 et surtout ceux antérieurs à 1949
- L’eau du robinet contaminée par des canalisations en plomb
- Les activités professionnelles ou de loisirs pratiquées par l’entourage de l’enfant ou le jeune lui-même : restauration de vitraux, fonderie, fabrication de céramiques, d’objets émaillés, de munitions ou objets en plomb (soldats, etc.), recyclage de batteries, ferraillage, pratique du tir sportif, etc.
- Les vaisselles artisanales (plats à tajine, céramiques, cristal, étain), les cosmétiques traditionnels (khôl, surma) ou les remèdes traditionnels avalés ou appliqués sur des muqueuses ou des plaies (azarcon, greta)
- L’arrivée récente ou les séjours réguliers dans les zones géographiques à risque, tels que l’Afrique, Madagascar, l’Inde, le Pakistan, la Chine, le Moyen-Orient, l’Amérique du Sud ou encore certains pays d’Europe de l’Est (sols contaminés, vaisselles traditionnelles, jouets, alimentation, etc.)
- Les sols contaminés par des activités industrielles ou minières actuelles ou passées (fonderie, lieu de stockage, casse automobile, installation de recyclage de batteries)
- L’exposition au tabac dans le logement (tabagisme passif)
- L’exposition in utero, dans le cas d’une femme enceinte intoxiquée par le plomb (pendant la grossesse ou par relargage du plomb osseux pour des expositions passées).
Une maladie aux symptômes peu spécifiques
L'intoxication à bas bruit ne se traduit pas par des symptômes ou des signes cliniques spécifiques et passe souvent inaperçue. Seule une action volontariste de recherche des facteurs de risque d'exposition de l'enfant puis la prescription d’un plombémie (dosage sanguin) en cas de facteurs identifiés permet de détecter les enfants intoxiqués.
Les effets de l’intoxication par le plomb sur la santé, proportionnels à l’exposition, sont variables et tardifs. Toutefois, à de faibles concentrations, l’exposition au plomb a déjà des conséquences graves sur le développement psychomoteur de l’enfant.
Des taux de plomb sanguin inférieur à 50 µg/L peuvent engendrer des atteintes du système nerveux central, dont la baisse de certaines performances cognitives ou des capacités d’apprentissage, qui sont irréversibles.
Chez la femme enceinte intoxiquée par le plomb, il existe des risques d’avortement, d’accouchement prématuré ou d’hypertension artérielle gravidique.
L’enfant à la naissance présente une plombémie, mesurée dans le sang du cordon, voisine de celle de la mère.
Une prise en charge entre surveillance et intervention
Les conduites à tenir en matière de dépistage et de prise en charge du saturnisme chez l’enfant et la femme enceinte sont explicitées dans la mise à jour du guide pratique de dépistage et de prise en charge des expositions au plomb chez l’enfant mineur et la femme enceinte publié en 2017 par le Haut Conseil de Santé Publique.