Saturnisme de l’enfant : notre action
À la fin des années 1980, les cas isolés d’intoxications aiguës au plomb ont laissé place à une forme d’atteinte chronique d’intoxication, souvent cliniquement latente.
Aujourd’hui, pour Santé publique France, les enjeux sont de surveiller les données épidémiologiques du saturnisme de l’enfant et de son dépistage, afin d’identifier et de réduire les risques d’exposition au plomb. Santé publique France mène également des études d’imprégnation en population générale ou pour des populations plus spécifiques.
Un système national de surveillance des plombémies de l’enfant
La surveillance épidémiologique du saturnisme repose sur un système national de surveillance des plombémies de l’enfant (SNSPE). Celui-ci inclut la déclaration obligatoire des cas de saturnisme. Elles concernent les enfants âgés de 0 à 17 ans inclus, ayant bénéficié d’au moins un dosage de la plombémie.
Assurer le suivi de la déclaration obligatoire du saturnisme grâce à 4 acteurs
Le médecin prescripteur intervient dans un premier temps par la prescription d’une plombémie chez un enfant mineur. À ce stade, le médecin prescripteur doit remplir la fiche de surveillance, qui comprend notamment :
- Les éléments d’identification du prescripteur
- Les éléments d’identification de l’enfant
- Les critères qui ont conduit à prescrire l’examen
- La date éventuelle d’un précédent dosage
- Les traitements et interventions réalisés en cas de précédent dosage.
La fiche de surveillance est remise à la famille, avec l’ordonnance de plombémie, qui la donnera au laboratoire d’analyse avec le prélèvement sanguin.
Les laboratoires de prélèvement et d’analyse effectuent respectivement :
- Laboratoire de prélèvement : si le laboratoire qui effectue le prélèvement est différent de celui qui réalise le dosage de la plombémie, il transmet à ce dernier la fiche avec l’échantillon de sang, après y avoir renseigné la date de prélèvement et le mode de prélèvement.
- Laboratoire d’analyse de la plombémie : le laboratoire qui réalise le dosage de la plombémie renseigne ses éléments d’identification en haut et en bas de la fiche. S’il a réalisé le prélèvement, il renseigne la date et le mode de prélèvement. Le laboratoire inscrit le résultat du dosage de la plombémie, coche l'unité et - s’il y a lieu - le résultat du dosage de l’hémoglobine. Le laboratoire d’analyse transmet alors ses résultats au médecin prescripteur via la fiche complétée. Il en adresse également une copie au médecin du Centre antipoison et de toxicovigilance compétent pour le lieu de domicile de l’enfant.
Le Centre antipoison et de toxicovigilance (CAP-TV) saisit les données de toutes les fiches reçues sur support informatique (fichier nominatif). Ces informations nominatives ne sont communiquées qu’au prescripteur ou au médecin inspecteur de santé publique. Il réalise des extractions anonymes permettant l’exploitation régionale des données et la constitution d’une base nationale à Santé publique France.
Le médecin prescripteur intervient dans un second temps, à la réception des résultats de plombémie, et seulement dans le cas où ceux-ci font apparaître qu’il s’agit d’un cas de saturnisme à déclaration obligatoire (plombémie ≥ 50 µg/L soit ≥ 0,24 µmol/L mesurée pour la première fois chez un enfant). En complément de la prise en charge médicale de l’enfant, il déclare le cas de saturnisme au médecin inspecteur de santé publique de l'Agence régionale de santé, en lui transmettant la fiche sous pli confidentiel avec la mention "secret médical" et après avoir informé la personne exerçant l’autorité parentale. Cette transmission tient lieu à la fois de procédure de signalement et de procédure de notification.
Le signalement et la notification des cas de saturnisme de l’enfant mineur ayant la même définition de cas et étant deux procédures obligatoirement écrites (ce qui est une spécificité pour le saturnisme, article L. 1334.1 du code de la santé publique), le médecin déclarant peut remplir ces deux formalités par un seul envoi de la fiche de déclaration au médecin inspecteur de santé publique de l'ARS de son département d’exercice.
Définition de cas à signaler et à notifier
Le médecin inspecteur de santé publique de l'Agence régionale de santé (ARS) déclenche une enquête environnementale, préalable à la mise en œuvre d’actions de prévention (procédure de signalement). Il transmet également la fiche à Santé publique France sous format papier, après l’avoir anonymisée selon la même procédure que pour les autres maladies à notification obligatoire et après avoir reporté certaines informations d’intérêt épidémiologique dans la partie centrale de la fiche.
Santé publique France saisit les fiches de notification et reçoit également les fichiers anonymisés des centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV). Une recherche de doublons est réalisée, la procédure d’anonymisation utilisée par les agences régionales de santé et les CAP-TV étant identique. Santé publique France assure l’exploitation statistique des données et le retour d’information.
Documents à télécharger
Bilan du dépistage du saturnisme chez l’enfant (0-17 ans) en lien avec la fréquentation des stands de tir
Arrêté du 8 juin 2015
Guide de remplissage de la fiche
Circulaire DGS/2004/185 du 21 avril 2004 relative à la surveillance nationale du saturnisme chez l'enfant mineur
Surveiller la réalisation du dépistage
Le dépistage du saturnisme est réalisé en cas de détection de facteurs de risque d'exposition au plomb. Cette démarche est prescrite par le médecin traitant. Le dépistage par dosage de la plombémie est pris en charge à 100 % par l'Assurance Maladie pour les enfants et les femmes enceintes.
Etudier les données d'imprégnation de la population française par le plomb
Trois études, Guyaplomb, Saturn-Inf, et une investigation menée dans le Gard, ont étudié l’imprégnation de la population française au plomb, notamment des enfants.
Sensibiliser la population et réduire l’imprégnation au plomb
Santé publique France met les données de surveillance épidémiologique à disposition des autorités sanitaires et des professionnels de santé afin de les aider à adapter leurs actions vis-à-vis du saturnisme. Les professionnels de santé et les acteurs de terrain en prévention et promotion de la santé sont sensibilisés au dépistage du saturnisme infantile au sein de la population générale.