La grippe aviaire : la maladie
Une zoonose virale
Plus d’une dizaine de virus influenza de type A aviaires ou porcins sont capables d’infecter l’homme à l’heure actuelle. Parmi eux, les virus aviaires A(H7N9), A(H5N1) de la lignée Gs/Gd/1/96 et A(H5N6) sont responsables de la très grande majorité des infections humaines rapportées à ce jour, et font de fait l’objet d’une surveillance accrue au niveau international.
Les virus porcins à potentiel zoonotique appartiennent essentiellement aux sous-types A(H1N1) et A(H3N2). Ces virus sont différents de ceux qui circulent chez l’homme lors des épidémies de grippe saisonnière, ils sont adaptés au porc et sont donc moins contagieux pour l’Homme.
Les cas humains sont principalement des cas primaires, suite à une exposition à des oiseaux infectés ou à un environnement contaminé, notamment dans le cadre de marchés aux volailles vivantes. La transmission interhumaine est rare, généralement limitée à une transmission entre un cas primaire et un membre de son entourage ou un personnel soignant. Aucun des virus influenza aviaires ou porcins à potentiel zoonotique qui circulent à l’heure actuelle n’est capable d’initier une transmission interhumaine soutenue. Néanmoins, les capacités élevées de mutation et de réassortiment des virus influenza n’excluent pas l’émergence d’un virus capable d’être transmis efficacement d’homme à homme, ce qui pourrait être à l’origine d’une pandémie grippale.
À ce jour, aucun cas de grippe humaine dû à un virus influenza aviaire (dit cas de « grippe aviaire ») n’a été déclaré en France.
Santé publique France est en charge de la surveillance épidémiologique et de la validation du classement des cas possibles d’une infection humaine par un virus influenza d’origine animale en France.
Le virus H7N9 faiblement pathogène (FP) pour les poulets a émergé en Chine en 2013 à la suite de réassortiments entre plusieurs virus aviaires (dont H9N2, un autre sous-type à potentiel zoonotique). Il touche principalement les poulets (les palmipèdes semblent peu sensibles à l’infection). Depuis, six vagues hivernales se sont succédées, caractérisées par une des épisodes de transmission à l’homme. Les facteurs de risque associés à l’infection sont un contact étroit avec des volailles vivantes ou mortes et la fréquentation de marchés aux volailles vivantes). De rares cas de transmission interhumaine et une dispersion géographique croissante en Chine ont été observés.
En cinq ans, le virus H7N9 faiblement pathogène a causé deux fois plus de cas humains que le virus H5N1 depuis sa réémergence en 2003. Depuis 2013 et en date du 15 mai 2018, 1567 cas humains virologiquement confirmés ont été notifiés à l’OMS (source : ECDC, 15/05/2018). Tous les cas humains se sont produits suite à une exposition en Chine, y compris les 3 cas détectés en dehors de Chine (2 au Canada et 1 en Malaisie).
Un nouveau virus H7N9 hautement pathogène (HP) pour le poulet et dérivé des virus H7N9 FP circulants a émergé en décembre 2016 dans la province de Guangdong en Chine. Sa propagation géographique reste limitée pour le moment, mais 32 cas humains infectés par ce virus H7N9 HP ont déjà été détectés en Chine continentale et à Taiwan (ECDC, 15/05/2018). A ce jour, ni la virulence ni la transmissibilité chez l’homme de ce nouveau virus HP ne semblent différentes de celles du virus FP (ECDC, 15/05/2018).
Les virus H7N9 FP et HP sont à l’origine de 569 décès au 15/05/2018 (létalité de 36%). En raison de leur incapacité à initier une transmission interhumaine soutenue, le risque de propagation en Europe suite à un cas importé de Chine est actuellement considéré comme faible par l’ECDC.
Épizootie A(H5N1) hors France
Le virus A(H5N1) de la lignée Gs/Gd/1/96 à l’origine de l’épizootie actuelle - épidémie touchant des animaux - circule sous une forme hautement pathogène pour le poulet (HP) et s’est manifestée à Hong-Kong en 1997 pour la première fois. Le 12 décembre 2003, l’Office international des épizooties (OIE) était alerté par les services vétérinaires de Corée du Sud d’une mortalité importante de volailles dans des élevages industriels proches de Séoul. A la fin du mois de décembre 2003, la présence du virus A(H5N1) y était confirmée. Par la suite, de nombreux pays ont signalé des foyers de grippe aviaire sur leur territoire, marquant le début de la propagation de l’épizootie qui s’est donc étendue de l’Asie, à l’Europe puis à l’Afrique (notamment l’Egypte) et au Moyen-Orient.
Les oiseaux migrateurs ont joué un rôle prépondérant dans la dispersion géographique du virus, ainsi que les déplacements humains et le commerce international, légal ou illégal, d’oiseaux et de produits d’origine aviaire. Actuellement, ce virus circule principalement en Asie du Sud-Est, en Egypte et en Afrique subsaharienne.
Cas humains à A(H5N1) de la lignée Gs/Gd/1/96
Depuis sa réémergence en 2003, le virus A(H5N1) hautement pathogène pour le poulet (HP) de la lignée Gs/Gd/1/96 a causé 860 cas humains virologiquement confirmés (OMS, le 15/05/2018) dans le monde, dont 359 en Egypte, où le virus est devenu enzootique ces dernières années. Après l’Egypte, l’Indonésie est le deuxième pays qui déclare le plus de cas humains dus à cet agent. Le virus A(H5N1) HP ne semble pas avoir évolué en termes de virulence (53% de létalité) et de transmissibilité à l’homme depuis 2003. Les cas de transmission interhumaine sont rares et celle-ci nécessite un contact étroit ou prolongé avec une personne infectée.
A l’heure actuelle, il existe un vaccin humain contre la grippe aviaire A(H5N1) qui est recommandé essentiellement chez les sujets exposés de par leur profession (Avis du HCSP - 05/09/2008).
Il est à rappeler que le vaccin contre la grippe saisonnière n’a pas d’efficacité pour prévenir la grippe aviaire. Des traitements antiviraux sont utilisés en prévention ou dans la prise en charge thérapeutique.
Influenza aviaire A(H5) en France
Entre novembre 2015 et mars 2017, plusieurs foyers dus à un virus A(H5N1) HP chez des oiseaux domestiques ont été détectés en France. Ces virus A(H5N1) HP sont différents du virus A(H5N1) de la lignée Gs/Gd/1/96 qui a émergé en Asie et qui est transmissible à l’Homme. Ils sont proches des virus H5 faiblement pathogènes (FP) qui circulent en Europe depuis plusieurs années et pour lesquels aucun cas humain n’a été rapporté, tels que H5N2 et H5N3 (tous deux détectés en France en 2017 et 2018).
Le virus A(H5N8) HP
Ce virus qui a émergé en 2014 en Asie, a circulé de façon intense en Europe depuis 2016, causant une épizootie majeure en France au sein de l’avifaune sauvage et domestique au cours de l’hiver 2016-17. L’émergence de cette nouvelle souche dotée d’un pouvoir pathogène accru pour les palmipèdes et de nombreuses espèces d’oiseaux dans une région de forte densité d’une population réceptive (volailles à foie gras) a rendu possible (i) la large dissémination de ce virus au sein des populations d’oiseaux sauvages et domestiques et (ii) de multiples réassortiments avec des souches de virus influenza aviaires FP circulant au sein des populations de palmipèdes sauvages et domestiques de ces régions.
Dès qu’un foyer est détecté, les équipes vétérinaires viennent abattre les volailles et procèdent à un nettoyage et une désinfection de l’élevage. Des périmètres de sécurité sont organisés autour de l’élevage et la surveillance y est renforcée.Même si le risque pour l’Homme est jugé quasi-nul, une surveillance des populations exposées est assurée et toute personne exposée qui développerait une infection respiratoire aigüe basse nécessitant une hospitalisation devrait être testée pour la recherche d’infection par un virus d’influenza aviaire.
L’exposition à un virus influenza aviaire est définie comme tout contact sans mesures de protection avec :
- des oiseaux domestiques (dans un élevage ou une basse-cour) infectés ou suspectés de l’être, vivant ou morts, dans le cas d’un foyer d’épizootie confirmé ;
- des oiseaux sauvages ou domestiques isolés, malades ou morts, dans une zone géographique où un virus influenza aviaire a été identifié ;
- un environnement contaminé (plumes, déjections...) ;
- des prélèvements ou des matériels biologiques infectés par un virus influenza aviaire.
Il n’existe aucun risque de contamination de l’Homme par la consommation de viande, œufs, foie gras et plus généralement de tout produit alimentaire.
Une maladie des oiseaux transmissible à l’homme
Chez l’oiseau
Les virus influenza aviaires circulent naturellement chez les oiseaux aquatiques sauvages qui ne sont habituellement pas malades. En revanche, l’infection peut causer une maladie, voire être mortelle, chez certaines espèces d'oiseaux domestiques dont, par exemple, les poulets, les dindes ou les canards. Les virus influenza aviaires sont classés en deux catégories en fonction des caractéristiques spécifiques du virus et de sa capacité à causer une maladie grave et à tuer les poulets dans des conditions expérimentales :
- Les virus influenza aviaires faiblement pathogènes (dits « low pathogenic avian influenza », LPAI), qui ne provoquent aucune maladie, ou simplement une forme clinique bénigne chez le poulet (ex : baisse de la production d’œufs), rarement détectée par les autorités sanitaires vétérinaires.
- Les virus influenza aviaires hautement pathogènes (dits « highly pathogenic avian influenza », HPAI) responsables d’une maladie grave chez la volaille, avec une mortalité élevée.
Les virus influenza aviaires hautement et faiblement pathogènes sont très contagieux chez les oiseaux et peuvent se propager rapidement au sein des élevages de volailles.
Chez l’Homme
Les virus influenza aviaires sont excrétés en grande quantité dans les fientes des oiseaux infectés ainsi que dans leurs sécrétions respiratoires. On les retrouve ainsi dans l’environnement (poussières contaminées par des fientes, plans d’eau, etc.). La transmission à l’homme se fait par inhalation de poussières ou d’aérosols contaminés, ou par contact lors de la manipulation d’oiseaux infectés (plumage, éviscération, etc.). L’exposition dans les élevages ou sur les marchés de volailles vivantes constitue le principal risque d’infection ; l’exposition lors de baignades dans des eaux contaminées a également été documentée comme facteur de risque. Le risque de contamination de l’homme par la consommation de viande, œufs, foie gras et plus généralement de tout produit alimentaire est considéré comme nul ou négligeable.
L’exposition à un virus influenza aviaire est définie comme tout contact sans mesures de protection avec :
- des oiseaux domestiques (dans un élevage ou une basse-cour) infectés ou suspectés de l’être, vivant ou morts, dans le cas d’un foyer d’épizootie confirmé ;
- des oiseaux sauvages ou domestiques isolés, malades ou morts, dans une zone géographique où un virus influenza aviaire a été identifié ;
- un environnement contaminé (plumes, déjections...) ;
- des prélèvements ou des matériels biologiques infectés par un virus influenza aviaire.
La période d’incubation des infections à virus influenza aviaires est légèrement plus longue que celle de la grippe saisonnière : de l’ordre de 3 jours en moyenne.
Les formes cliniques les plus souvent décrites sont sévères, nécessitant une hospitalisation. Elles se caractérisent par l’apparition brutale des symptômes, une fièvre élevée et des signes d’atteinte respiratoire aiguë basse (dyspnée, toux). Des signes digestifs ou encore une conjonctivite sont parfois observés. Il existe des formes asymptomatiques ou bénignes, mais leur fréquence est difficile à quantifier et serait variable selon le virus et les caractéristiques de la personne infectée.
Le taux de létalité est difficile à évaluer en dehors des infections dues aux virus A(H5N1) et A(H7N9), qui ont causé le plus grand nombre de cas. Il est variable et est probablement surestimé car calculé à partir des cas hospitalisés virologiquement confirmés. Il est de l’ordre de 36% pour A(H7N9) et 53% pour A(H5N1).
Une prise en charge qui repose essentiellement sur la prévention
À ce jour, il n’y a pas de vaccin dirigé spécifiquement contre les virus influenza aviaires ou porcins disponible chez l’homme.
Des antiviraux tels que les inhibiteurs de la neuraminidase (oseltamivir) sont prescrits en cas de forme grave nécessitant une hospitalisation, ou chez des personnes présentant des facteurs de risque de complications liées à la grippe. Le traitement par l’oseltamivir permet surtout de réduire la durée des symptômes et la charge virale du patient. Il est complété par un traitement symptomatique adapté à l’état du patient.
Les mesures individuelles de prévention recommandées par l’OMS sont principalement :
- se laver systématiquement les mains et les sécher correctement
- en cas de toux ou d’éternuement, se couvrir la bouche et le nez, utiliser des mouchoirs en papier jetables
- éviter les contacts proches avec des malades
- éviter de se toucher les yeux, le nez ou la bouche
En cas de voyage dans une région où il existe un risque de grippe aviaire, il est conseillé :
- d’éviter les endroits à risque élevé, comme les fermes d’élevage de volailles et les marchés d’animaux vivants ;
- d’éviter tout contact direct avec les oiseaux, notamment les poules, poulets, canards et oiseaux sauvages ;
- d’éviter les surfaces contaminées par des excréments ou des sécrétions d’oiseaux ;
- d’observer les règles d’hygiène des mains et d’hygiène alimentaire (consommer des aliments cuits, éviter de manipuler de la viande de volaille...)
Recommandations sanitaires pour les voyageurs, 2018 (à l'attention des professionnels de santé)
En savoir plusConseils aux voyageurs
Pour avoir plus de conseils et accéder aux recommandations sanitaires pour les voyageurs :
Ministère chargé des Affaires étrangères/informations aux voyageurs :
- Conseils aux voyageurs
- Conseils par pays : Chine
- Accélération de l’épidémie de grippe aviaire H7N9 en Chine : des chercheurs hongkongais identifient une nouvelle mutation
- Site du ministère chargé de la Santé
- Site du ministère de l’Agriculture et de l'alimentation
Site de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail :
- Point sur le nouveau virus émergent de grippe aviaire H7N9 en Chine
- Articles de A à Z
- Grippe et virus influenza porcins : Questions / Réponses