image illustrant un éleveur de porcs
Grippe porcine

Certains virus influenza porcins peuvent infecter l’homme. La transmission interhumaine est généralement rare et limitée, sauf en cas d’émergence d’un virus bien adapté à l’homme occasionnant une pandémie, comme en 2009.

Mis à jour le 4 mars 2022

Une zoonose virale

Une zoonose virale

Des cas de transmission à l’homme de virus influenza d’origine porcine se produisent sporadiquement dans le monde. Depuis janvier 2021, une dizaine de cas d’infection humaine par des virus A(H3N2)v, A(H1N1)v et A(H1N2)v d’origine porcine a été ainsi détectée aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, à Taiwan, au Danemark et en Allemagne. 

Les cas humains d’infection par des virus influenza porcins sont généralement bénins, bien que quelques cas sévères aient été notifiés. Les cas humains sont principalement des cas primaires, survenant suite à une exposition à des porcs vivants ou à un environnement contaminé, notamment dans le cadre d’élevage de porcs, de soins vétérinaires ou de foires aux animaux vivants. 

Plusieurs évènements isolés de transmission interhumaine de virus influenza porcins ont été décrits ou suspectés par le passé, notamment entre un cas primaire et un membre de son entourage proche, mais il n’a plus été rapporté de chaînes de transmission soutenue (c’est-à-dire impliquant plusieurs générations d’infections successives chez l’homme) depuis la pandémie de 2009. Néanmoins, les capacités élevées de mutation et de réassortiment des virus influenza n’excluent pas l’émergence d’un virus capable d’être transmis efficacement d’homme à homme, ce qui pourrait être à l’origine d’une pandémie grippale.

Santé publique France est en charge de la surveillance épidémiologique et de la validation du classement des cas possibles d’une infection humaine par un virus influenza d’origine animale en France.

À ce jour, un seul cas de grippe humaine dû à un virus influenza d’origine porcine (dit cas de « grippe porcine ») a été détecté en France, le 3 septembre 2021 dans les Côtes-d’Armor : il s’agissait d’une infection par le virus A(H1N2)v du clade 1C.2.4.

Virus A(H1N2)v

Situation au 10/09/2021

Le 03/09/2021, le Centre National de Référence des virus des infections respiratoires à l’institut Pasteur a confirmé une infection chez un homme résidant dans les Côtes-d’Armor, par un virus influenza A(H1N2)v clade 1C.2.4 d’origine porcine. Il s’agit de la première détection chez l’homme de ce virus en France. Le patient, a rapporté une exposition à des porcs vivants dans la semaine précédant l’apparition des symptômes. L’état de santé du patient est favorable. Aucune personne symptomatique n’a été détectée à ce jour dans son entourage proche. Les investigations se poursuivent afin de rechercher d’éventuels autres cas chez les personnes exposées aux mêmes animaux ou chaînes de transmission secondaire à partir du cas confirmé. 

Le virus influenza A(H1N2)v en cause dans cette infection est génétiquement proche de virus porcins détectés récemment en Bretagne et ailleurs en France, identifiés comme étant de génotype « H1avN2 #E » par le Laboratoire National de Référence (LNR) Influenza Porcin (ANSES) comportant un gène HA (hémagglutinine) qui appartient au clade 1C.2.4. Ce clade a été identifié en 2020 comme un lignage émergent diffusant dans la population porcine en Europe (France, Danemark, Italie et Espagne notamment). Il a été détecté chez les porcs en Bretagne pour la première fois en février 2020. Dans les zones où il circule activement à l’heure actuelle, il est rapidement devenu le virus majoritaire parmi l’ensemble des virus influenza détectés dans les élevages porcins. Des analyses virologiques et génétiques sont en cours au CNR-virus des infections respiratoires et au Laboratoire National de Référence des virus influenza porcins (ANSES) pour caractériser ce virus, et notamment identifier d’éventuels marqueurs d’adaptation à l’homme et de virulence.

Cet évènement de transmission à l’homme d’un virus influenza d’origine porcine, survenant dans une région française caractérisée par une grande densité d’élevages porcins, n’est pas un phénomène inattendu. Toutefois, les caractéristiques de ce virus A(H1N2)v du clade 1C.2.4, notamment sa capacité à s’adapter à l’homme, demeurent à déterminer.

Les chiffres-clés de la grippe porcine
Chiffres clés de la grippe porcine

Une maladie des porcs transmissible à l’homme

Chez le porc

Les virus influenza porcins circulent naturellement chez les porcs domestiques ou d’élevage. Les sangliers sont également susceptibles à l’infection, sans jouer pour autant le rôle de réservoir naturel pour ces virus. L’infection chez le porc est généralement symptomatique, mais des formes pauci-symptomatiques voire asymptomatiques peuvent se produire. 

Chez l’Homme

La transmission à l’homme se fait par inhalation de poussières ou d’aérosols contaminés, ou par contact lors de la manipulation d’animaux infectés (marquage, soins vétérinaires, etc.). En effet, les virus influenza porcins sont excrétés en grande quantité dans les sécrétions respiratoires des porcs. On les retrouve dans l’environnement (poussières contaminées par des fientes, plans d’eau, etc.). L’exposition dans les élevages ou sur les salons ou foires d’exposition d’animaux vivants constitue le principal risque d’infection ; l’exposition en abattoir, lors du déchargement des animaux vivants en amont de la chaîne d’abattage est également à risque. Le risque de contamination de l’homme par la consommation de viande, œufs, foie gras et plus généralement de tout produit alimentaire est considéré comme nul ou négligeable.

L’exposition à un virus influenza porcin est définie comme tout contact sans mesures de protection (dont masque, gants, lunette ou visière de protection et vêtement de protection, comme indiqué dans les annexes 2 et 3 de l’avis du Haut Conseil de la Santé Publique du 22/06/20218) avec :

  • avec des porcs (en élevage ou domestiques, en abattoir, etc.) ou à des sangliers, vivants ou morts, malades ou non, ou à un environnement contaminé (litière, déjections, etc.),
  • avec un cas humain d’infection par un virus influenza d’origine porcine confirmé biologiquement (contact étroit), 
  • soit dans un laboratoire, à des prélèvements ou matériels biologiques infectés par un virus A(H1N2) d’origine porcine, en l’absence de mesures de protection appropriées. 

Cas particulier : lors de situations d’aérosolisation importante (nettoyage sous pression, etc.), un risque résiduel ne peut être exclu chez les personnels malgré l’application des mesures de précaution.

Les cas humains d’infection par des virus influenza porcins sont généralement bénins, bien que quelques cas sévères aient été notifiés. 

Une prise en charge qui repose essentiellement sur la prévention

À ce jour, il n’y a pas de vaccin dirigé spécifiquement contre les virus influenza porcins disponible chez l’homme.

Des antiviraux tels que les inhibiteurs de la neuraminidase (oseltamivir) sont prescrits en cas de forme grave nécessitant une hospitalisation, ou chez des personnes présentant des facteurs de risque de complications liées à la grippe. Le traitement par l’oseltamivir permet surtout de réduire la durée des symptômes et la charge virale du patient. Il est complété par un traitement symptomatique adapté à l’état du patient.

Les mesures individuelles de prévention recommandées par l’OMS sont principalement :

  • se laver systématiquement les mains et les sécher correctement
  • en cas de toux ou d’éternuement, se couvrir la bouche et le nez, utiliser des mouchoirs en papier jetables
  • éviter les contacts proches avec des malades
  • éviter de se toucher les yeux, le nez ou la bouche