Schizophrénie et autres troubles psychotiques : la maladie
Les troubles psychotiques sont des troubles mentaux sévères et chroniques, à l’origine d’une grande souffrance pour la personne atteinte et son entourage. Selon la Classification Internationale des Maladies – 10e révision (CIM-10) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les troubles psychotiques comprennent la schizophrénie, les troubles schizo-affectifs, les troubles délirants persistants, les épisodes psychotiques brefs, le trouble schizophréniforme, ou encore les troubles psychotiques induits par des toxiques.
La schizophrénie est le plus fréquent des troubles psychotiques. Les données disponibles dans la littérature scientifique internationale montrent pour la prévalence vie entière de la schizophrénie une estimation de l’ordre de 4 pour 1 000 personnes (Saha et al., 2005), soit des valeurs un peu inférieures à celles de l’OMS, et pour l’incidence une estimation de 0,15 pour 1 000 (McGrath et al., 2004).
Les troubles psychotiques : des expressions cliniques très variables
Les troubles psychotiques se caractérisent par des expressions cliniques variables qui commencent souvent à la fin de l’adolescence ou chez l’adulte jeune. Cette maladie psychiatrique touche légèrement plus les hommes que les femmes, et les premières manifestations sont observées plus précocement chez l’homme. En raison de l’âge auquel elle survient, cette maladie entrave l’acquisition et le développement de l’autonomie personnelle, conduisant très souvent à dépendre de la famille et du soutien de la société. Outre ce risque de désinsertion familiale, professionnelle et sociale, ces troubles sévères comportent un risque important de suicide (de l’ordre de 5 %) et de comorbidités physiques, iatrogènes ou associées à des troubles de l’humeur, anxieux ou des conduites. Le risque de décéder prématurément est 2 à 3 fois plus élevé pour les sujets atteints de schizophrénie que dans l’ensemble de la population. Les décès prématurés sont souvent dus à des maladies que l’on peut prévenir, telles que des maladies cardiovasculaires, métaboliques ou infectieuses, ou encore des cancers.
Les personnes atteintes de troubles psychotiques sont souvent victimes de stigmatisation, de discriminations voire de violations des droits fondamentaux.
La schizophrénie : une pathologie souvent difficile à diagnostiquer
La schizophrénie se traduit par une perception perturbée de la réalité, des hallucinations souvent auditives (par exemple, le fait d’entendre des voix) mais aussi visuelles, olfactives ou gustatives, des idées délirantes, ainsi que des symptômes dits négatifs, telles que le retrait affectif et social, correspondant à un appauvrissement affectif et émotionnel. La personne paraît détachée, indifférente. Cet émoussement affectif est fréquent, très évocateur de schizophrénie. Enfin, Il existe des symptômes de désorganisation de la pensée, des émotions et des comportements.
L’évolution de la maladie est souvent épisodique, avec des périodes de décompensation, et des symptômes négatifs entre ces périodes de décompensation. Cette évolution conduit à une aggravation progressive, ou épisodique, les épisodes étant plus ou moins rapprochés, et les intervalles entre les épisodes plus ou moins symptomatiques.
La schizophrénie est une pathologie pour laquelle il n’existe à ce jour aucun symptôme ni marqueur paraclinique spécifique de ce trouble. Un bilan paraclinique s’impose néanmoins avant de poser le diagnostic de schizophrénie, car un tableau schizophrénique peut être un mode d’expression relevant de causes diverses, y compris de causes non psychiatriques. Par ailleurs, les limites avec d’autres troubles psychotiques et les formes délirantes de certains épisodes du trouble bipolaire sont parfois imprécises. Le diagnostic est en général retenu au vu de l’évolution clinique et en l’absence d’autre cause identifiable. Il n’est pas rare qu’il soit posé après plusieurs années d’évolution de la maladie.
Une étiologie encore mal connue
L’étiologie de la schizophrénie est encore mal connue. Un consensus plaide actuellement en faveur d’une origine plurifactorielle et d’une interaction gène-environnement, associant une vulnérabilité génétique à des facteurs environnementaux. Il est maintenant bien établi que la consommation de substances psychogènes, et particulièrement du cannabis, joue un rôle précipitant dans l’émergence d’une psychose. L’effet est plus marqué en cas de consommation importante et en cas de consommation avant l’âge de 15 ans, l’adolescence étant une période particulièrement sensible aux effets délétères du cannabis (Krebs et al., 2013). Des travaux récents ont d’ailleurs montré que les consommateurs les plus sensibles aux effets psychotiques du cannabis présentent des variants génétiques particuliers (Krebs et al., 2019).
L’importance d’une prise en charge précoce et adaptée pour améliorer le pronostic de la maladie
Les médicaments antipsychotiques associé à un soutien psychosocial de qualité, l’accompagnement dans la vie quotidienne, l’assistance pour le logement et les emplois protégés sont des stratégies efficaces de prise en charge des troubles psychotiques, afin d’aider les personnes touchées à s’intégrer à la société et améliorer leur qualité de vie ainsi que celle de leurs proches. Le pronostic de la maladie varie selon les caractéristiques de la maladie et la précocité de la prise en charge. En effet, une prise en charge adaptée et précoce limite le risque d’entrer dans une phase chronique de la maladie et améliore les chances de rémission. Le pronostic dépend également de l’engagement du patient dans sa prise en charge.
En France, les soins et traitements liés aux troubles psychotiques peuvent être pris en charge à 100 % au titre d’une affection de longue durée (ALD) exonérante, après établissement d’un protocole de soins avec le médecin traitant.
Pour la prise en charge de la schizophrénie, la HAS (Haute Autorité de Santé) a élaboré des guides consultables et téléchargeables en cliquant ici.
Les classifications internationales actuellement utilisées
La CIM-10 (Classification Internationale des Maladies, 10e révision, OMS, 1993)
Ce groupe réunit la schizophrénie, catégorie la plus importante de ce groupe, le trouble schizotypique, les troubles délirants persistants, et un groupe assez large de troubles psychotiques aigus et transitoires. Les troubles schizo-affectifs ont été maintenus dans ce groupe, bien que leur nature reste controversée.
Troubles psychotiques, codes CIM-10 (1993)
Le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’American Psychiatric Association, 5e édition, 2013)
Le DSM-5 regroupe ces troubles dans le chapitre intitulé « Spectre de la schizophrénie et autres troubles psychotiques » qui comprend la schizophrénie, les autres troubles psychotiques et la personnalité schizotypique. Dans le DSM-5, le trouble schizo-affectif ne figure pas dans ce spectre.
Troubles psychotique, codes DSM-V (2013) avec correspondance CIM-10
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