Comportements suicidaires : données
7% de la population a déjà fait une tentative de suicide au cours sa vie
En 2017, d’après le baromètre de Santé publique France, 4,7% des personnes âgées de 18-75 ans déclaraient avoir pensé à se suicider au cours des 12 derniers mois (5,4 % des femmes et 4,0 % des hommes), 7,2 % avaient fait une tentative de suicide (TS) au cours de leur vie (9,9 % des femmes vs 4,4 % des hommes) et 0,4 % au cours de l’année précédant l’enquête (0,3 % des hommes vs 0,5 % des femmes).
Les pensées suicidaires étaient principalement liées à des raisons « familiales » (41,4 %), « sentimentales » (32,3 %), « professionnelles » (27,6 %), « financières » (23,7 %) et de « de santé » (23,7 %). Chez les femmes, elles étaient davantage associées à des raisons « familiales » (48,3 % vs 31,6 % chez les hommes), tandis que chez les hommes, à des raisons « professionnelles » (31,5 % vs 24,8 % chez les femmes).
Le fait d’être une femme, les situations financières difficiles, le fait d’être célibataire, divorcé ou veuf, l’inactivité professionnelle ainsi que les évènements traumatisants sont associés aux comportements suicidaires. Le facteur le plus fortement associé aux pensées suicidaires est d’avoir vécu un épisode dépressif caractérisé au cours de l’année.
La majorité des TS a eu lieu avant l’âge de 25 ans, et c’est entre 15 et 19 ans que la proportion de suicidants était la plus importante : 30,1 % des femmes et 19,5 % des hommes qui ont fait une TS appartiennent à cette tranche d’âge.
Sur la période 2010-2017, la prévalence de réponse positive à la question « Avez-vous pensé à vous suicider ? » est restée stable chez les hommes alors qu’elle a connu une augmentation chez les femmes, passant de 4,5 % à 5,4 %. La prévalence des TS au cours de la vie chez les femmes a augmenté, passant de 7,6 % en 2005 à 9,9 % en 2017, tandis qu’elle s’est stabilisée chez les hommes sur la période 2014-2017 après avoir augmenté de 1,9 points entre 2005 et 2014.
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 5 février 2019, n°3-4
En savoir plusDes hospitalisations pour tentatives de suicide en baisse en 2017, plus marquée chez les femmes que chez les hommes
Entre 2008 et 2017, le nombre d’hospitalisations pour TS a diminué, passant de plus de 100 000 par an à un peu moins de 89 000 en 2017. Les taux d’hospitalisation pour TS étaient respectivement de 17,4 chez les femmes et 15,1 chez les hommes pour 10 000 habitants en 2008 et 2017.
La réadmission pour TS est restée stable : quelle que soit l’année étudiée, 89,5 % des patients ont eu un seul séjour pour TS et 10,5 % ont eu au moins un nouveau séjour au cours de la même année civile.
Les jeunes filles âgées de 15 à 19 ans avaient systématiquement les taux les plus élevés, en moyenne 41 pour 10 000. Entre 2008 et 2017, une baisse des taux par âge était observée chez les femmes de 20 à 49 ans, tandis que chez les hommes au-delà de 50 ans, les taux étaient plus élevés en 2017 qu’en 2008.
Quelle que soit l’année, les intoxications médicamenteuses volontaires, en particulier aux psychotropes, représentaient le mode le plus fréquent des TS. Une pathologie psychiatrique était notée dans 61 % des séjours pour TS (59 % chez les femmes et 64 % chez les hommes). Les pathologies les plus fréquentes étaient la dépression, les troubles mentaux et du comportement liés à l’alcool, ainsi que les troubles anxieux.
Nombre se séjours hospitaliers pour tentative de suicide, nombre de patients hospitalisés et pourcentage de femmes, France, 2008-2017
Des disparités régionales
En Bretagne, Normandie et Hauts-de-France, les taux étaient supérieurs aux taux nationaux chez les hommes et chez les femmes en 2008 et en 2017.
- En savoir plus (bulletins de santé publique régionaux)
Près de 3% des adolescents de 17 ans ont déclaré avoir fait une tentative de suicide au cours leur vie
En 2017, d’après les résultats de l’enquête Escapad, près de 3 % des adolescents de 17 ans déclaraient avoir fait au cours de leur vie une TS ayant nécessité une hospitalisation, et plus d’un jeune sur dix déclarait avoir pensé au moins une fois au suicide au cours des 12 mois précédant l’enquête.
Les conduites suicidaires sont fortement associées à un risque élevé de dépression. Il existe un lien fort entre tentative de suicide et usages de substances psychoactives, en particulier l’usage de substances illicites autres que le cannabis chez les garçons et l’usage quotidien de tabac chez les filles.
La comparaison avec les éditions précédentes de l’enquête (2011 et 2014) révèle une augmentation significative des TS et pensées suicidaires déclarées chez les filles entre 2011 et 2017.
Des pensées suicidaires 5 fois plus fréquentes chez les personnes sourdes et malentendantes
Dans le Baromètre santé Sourds et malentendants (2011-2012), les pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois étaient cinq fois plus fréquentes chez les personnes sourdes et malentendantes, comparées aux données en population générale issues du Baromètre santé 2010 (21,3 % vs 3,9 %) et les tentatives de suicide au cours de la vie de 3 fois supérieures pour les hommes et 2 fois pour les femmes. Toutefois, contrairement aux données en population générale, la prévalence des pensées suicidaires au sein de l’échantillon était aussi élevée chez les hommes (21,9 %) que chez les femmes (20,7 %).
Près de 4% des actifs occupés déclarent des pensées suicidaires dans l’année, avec des différences significatives selon le secteur d’activité
En 2017, d’après le baromètre de Santé publique France, 3,8 % des actifs occupés déclaraient avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois (4,5 % chez les femmes et 3,1 % chez les hommes). Pour 45,0 % des hommes actifs, les raisons professionnelles étaient les premières invoquées (34,7% chez les femmes actives). Pour un homme sur 5 et une femme sur 8, les raisons professionnelles étaient invoquées de façon exclusive. Les hommes travaillant à leur compte étant plus fréquemment sujets aux pensées suicidaires que les salariés (4,3 % contre 2,8 %). La prévalence des pensées suicidaires était significativement plus élevée chez les personnes ayant des revenus inférieurs à 1 500 euros par mois (7,7 % chez les femmes et les 4,8 % chez les hommes).
Les pensées suicidaires étaient associées au fait d’avoir eu peur de perdre son emploi, d’avoir été victime de menaces verbales, d’humiliations ou d’intimidation au travail et au fait d’avoir connu une longue période de chômage au cours des 12 derniers mois.
Prévalence des pensées suicidaires selon la catégorie socio-professionnelle
Pas de différence significative observée en fonction du sexe. Toutefois :
- chez les femmes, un gradient social croissant semblait exister entre les cadres (3,9) et les ouvrières (5,1%) ;
- chez les hommes, les agriculteurs exploitants (3,5 %) et les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (3,6 %) étaient plus fréquemment touchés.
Prévalence des pensées suicidaires par secteur d’activité
Les hommes travaillant dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration (6,8 %), des arts et spectacles (6,3%), de l’enseignement (5,0%) et de la santé humaine/action sociale (4,5 %) présentaient les prévalences les plus élevées. Les femmes travaillant dans les secteurs des arts et spectacles (7,5 %), de l’enseignement (7,5 %), de l’information communication (6,8 %) et de l’hébergement restauration (6,8 %) étaient les plus touchées.
Une surmortalité marquée chez les agriculteurs exploitants
Un excès de risque de décès par suicide a été observé chez les agriculteurs dans plusieurs études françaises et internationales. Santé publique France et la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (CCMSA) se sont associés afin de produire des indicateurs réguliers de mortalité par suicide dans la population des agriculteurs. Les analyses ont porté sur la mortalité par suicide des agriculteurs exploitants de 2007 à 2011 et les salariés agricoles de 2007 à 2013.
Chez les agriculteurs exploitants
Les hommes agriculteurs exploitants présentaient une surmortalité par suicide entre 2008 et 2010 par rapport à la population générale masculine d’âge similaire, notamment chez les éleveurs bovins et chez les hommes âgés de 45 à 65 ans.
Les caractéristiques socio-professionnelles associées à la mortalité par suicide étaient :
- le fait d’avoir un âge situé entre 45 et 54 ans par rapport à ceux âgés de moins de 35 ans ;
- avoir une exploitation à titre individuel par rapport au fait d’avoir une exploitation à titre sociétaire ;
- avoir une activité d’exploitant à titre exclusif ;
- avoir une surface agricole utile (SAU) comprise entre 20 et 49 hectares par rapport au fait d’avoir une SAU de plus de 200 hectares ;
- et avoir une exploitation située en Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne et dans les Hauts-de-France par rapport au fait d’avoir une exploitation située dans le Grand-Est.
Chez les salariés agricoles
Les salariés agricoles ne présentaient pas de surmortalité par suicide par rapport à la population générale. Toutefois, certaines caractéristiques professionnelles étaient associées au suicide chez les hommes salariés agricoles :
- les activités dans les secteurs « travaux forestiers », « cultures et élevages », « entreprises de travaux », et « coopération » ;
- le statut d’employé ;
- le fait de travailler en Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté, Pays de la Loire, Normandie, Grand Est et Centre-Val-de-Loire.
Aucune des associations étudiées n’était observée pour les femmes.
Références
Rapport « Surveillance de la mortalité par suicide des agriculteurs exploitants - Situation 2010-2011 et évolution 2007-2011.
Klingelschmidt J, Chastang JF, Khireddine-Medouni I, Chérié-Challine L, Niedhammer I. Occupational factors associated with suicide among French employees from the special agricultural social security scheme (MSA) working between 2007 and 2013. Revue d'Epidémiologie et de Santé Publique. 2020;68(1):1-8.
Klingelschmidt J, Chastang JF, Khireddine-Medouni I, Chérié-Challine L, Niedhammer I. Mortalité par suicide des salariés affiliés au régime agricole en activité entre 2007 et 2013 : description et comparaison à la population générale. Bull Epidémiol Hebd. 2018;(27):549-55.
Gigonzac V, Breuillard E, Bossard C, Guseva-Canu I, Khireddine-Medouni I. Caractéristiques associées à la mortalité par suicide parmi les hommes agriculteurs exploitants entre 2007 et 2011. Saint-Maurice: Santé publique France; 2017. 10 p
Bossard C, Santin G, Guseva Canu I. Surveillance de la mortalité par suicide des agriculteurs exploitants. Premiers résultats. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire ; 2013. 26 p.