Les personnes devenues sourdes ou malentendantes au cours de leur vie expriment, lorsqu'elles sont interrogées sur leur rapport à la santé, des préoccupations autour de la fatigue et des souffrances psychologiques occasionnées au quotidien par les difficultés de communication. Ces difficultés se trouvent souvent cristallisées dans les situations de travail et dans les relations avec les professionnels de santé. Quand une surdité profonde est présente depuis la petite enfance, la question de l'accès aux informations relatives à la santé est au centre des discours recueillis, dans la mesure où l'accès au français oral et écrit peut être problématique. La langue des signes, dont la maîtrise est très variable et qui n'est privilégiée que par une minorité de personnes sourdes profondes, ne suffit généralement pas à pallier cette difficulté, peu d'informations étant disponibles dans cette langue. Ce problème d'accès à l'information se traduit parfois par d'importantes inégalités en termes de connaissances sur les questions de santé et possiblement sur les pratiques. Les indicateurs de santé des personnes ayant une audition déficiente sont aussi très certainement dégradés du fait d'une accessibilité physique réduite, en particulier aux lieux de soins, d'une participation sociale limitée, d'un isolement subi et de situations économiques peu favorables.
Auteur : Sitbon Audrey
Evolutions, 2012, n°. 25, p. 1-6