Surveillance nationale des cas de syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique (PIMS)

Suite à l'alerte lancée par les pédiatres des hôpitaux de l’AP-HP fin avril 2020, Santé publique France et les sociétés savantes de pédiatrie ont mis en place, une surveillance des cas de myocardite chez des enfants présentant une infection COVID-19.

Mis à jour le 31 mars 2022

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Dans cet article

Contexte

Fin avril 2020, le signalement de cas de myocardite avec état de choc cardiogénique chez des enfants avec une infection Covid-19 récente a conduit à la mise en place, par Santé publique France et les sociétés savantes de pédiatrie*, d’une surveillance active de ces tableaux cliniques atypiques.

Ces syndromes ont été décrits dans de nombreux pays et sont recensés sous l’appellation de « syndromes inflammatoires multi-systémiques pédiatriques » (PIMS : Pediatric inflammatory multisytem syndrome, ou  MIS-C : Multisystem inflammatory syndrome in children).

Définition d'un cas de PIMS ou MIS-C

La définition d’un cas de PIMS ou MIS-C est la suivante (OMS) :

Enfants et adolescents âgés de 0 à 19 ans présentant une fièvre pendant ≥3 jours :

  • ET présentant au moins deux des signes suivants : 
    • a) éruption cutanée ou conjonctivite bilatérale non purulente ou signes d’inflammation mucocutanée (bouche, mains ou pieds) ;
    • b) hypotension ou état de choc ; 
    • c) signes de dysfonctionnement myocardique, de péricardite, de valvulite ou d’anomalies coronariennes (anomalies à l’échocardiographie ou taux élevés de troponine/NT-proBNP) ;
    • d) éléments révélateurs d’une coagulopathie (anomalie du TP, TCA, D-dimères élevés) ; 
    • e) troubles gastro-intestinaux aigus (diarrhées, vomissements ou douleurs abdominales) ;
  • ET des marqueurs d’inflammation élevés tels que l’ESR, la protéine C-réactive ou la procalcitonine 
  • ET aucune autre cause microbienne évidente d’inflammation, comme une septicémie bactérienne ou des syndromes de choc staphylococcique ou streptococcique 
  • ET des éléments révélateurs d’une COVID-19 (par RT-PCR, test de détection d’antigènes ou sérologie positive) ou contact probable avec des patients atteints de COVID-19.

Remarque : il convient d’envisager ce syndrome chez les enfants présentant des caractéristiques de la maladie de Kawasaki typique ou atypique ou du syndrome de choc toxique. 

LaHaute autorité de santé a élaboré des réponses rapides à destination des professionnels de santé, et plus particulièrement pour les médecins généralistes et les pédiatres, sur le repérage et la conduite à tenir face aux enfants présentant ce syndrome

Objectifs de la surveillance

L’objectif initial de cette surveillance était de confirmer le signal d’alerte sur l’émergence de ce nouveau syndrome « Kawasaki-like » en lien avec la Covid-19, puis de recenser les cas. Le recensement de ces cas doit permettre dans un second temps la mise en place d’études spécifiques dédiées à l’initiative des Sociétés savantes de pédiatrie. 

Méthodes

Afin de recenser au mieux ces tableaux cliniques atypiques paraissant correspondre à un syndrome post-infectieux post Covid-19, depuis le 30 avril 2020 les pédiatres hospitaliers ont été invités, via les sociétés savantes de pédiatrie, à signaler à Santé publique France chaque nouveau cas de syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique atypique, possiblement en lien avec le Covid-19, ainsi que de manière rétrospective depuis le 1er mars 2020. 

Pour permettre aux pédiatres le signalement en ligne de ces cas, Santé publique France a développé une plateforme dédiée.

La méthodologie détaillée et les premiers résultats de cette surveillance en France ont été publiés en juin 2020.

Résultats clés

Les derniers résultats concernant la surveillance des cas de COVID-19 chez les enfants sont disponibles ici. 

Bilan du 29 mars 2022

  • Entre le 2 mars 2020 et le 27 mars 2022, 1 091 cas de syndromes inflammatoires multi-systémiques pédiatriques (PIMS ou MIS-C), dont 1 005 en lien avec la COVID-19, ont été signalés à Santé publique France par les pédiatres. Sur ces 1 005 cas, 390 cas (39%) ont concerné des filles. L’âge médian de ces cas était de 8 ans (25% des cas avaient ≤4 ans et 75% ≤11 ans). 
  • Plus de huit cas sur 10 étaient confirmés par une RT-PCR et/ou une sérologie pour SARS-CoV-2 positives (n=928, 85%). Le lien avec le virus était probable chez 35 patients, soit 3% des cas (contage avec un sujet positif ou scanner évocateur) et considéré comme possible chez 42 patients (4%). Pour les 86 patients restants (8%), ce lien n’a pas pu être établi.
  • Parmi les 1 005 patients pour lesquels le lien avec la COVID-19 était possible, probable ou confirmé, les PIMS étaient associés à une myocardite pour 713 cas (71%). Parmi les 86 patients sans lien établi avec la COVID-19, une myocardite n’a été retrouvée que chez onze d’entre eux (11%). 
  • Parmi ces 1 005 patients, un séjour en réanimation a été nécessaire pour 392 enfants (39%) et en unité de soins continus pour 343 (34%). Les autres enfants ont été hospitalisés en service de pédiatrie. Un enfant âgé de 9 ans est décédé dans un tableau d’inflammation systémique avec myocardite.  
  • Les régions ayant signalé le plus grand nombre de cas sont l’Île-de-France (365 cas, 33%), Provence-Alpes-Côte d’Azur (149 cas, 14%), Auvergne-Rhône-Alpes (137 cas, 13%), Occitanie (71 cas, 7%), Grand Est (69 cas, 6%), Nouvelle Aquitaine (53 cas, 5%) et Hauts de France (46 cas, 4%). Les autres régions ont rapporté moins de 40 cas chacune.

Des résultats plus détaillés de cette surveillance, incluant leur évolution temporelle et distribution géographique sont disponibles et sont actualisés régulièrement : consulter le dernier bilan (29/03/2022). 

La HAS a élaboré des réponses rapides à destination des professionnels de santé, et plus particulièrement pour les médecins généralistes et les pédiatres, sur le repérage et la conduite à tenir face aux enfants présentant ce syndrome.