Choléra : la maladie
Une pathologie importée rare en France
Le choléra est une toxi-infection digestive aiguë due à l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par les bacilles Vibrio cholerae des sérogroupes O1 et O139 toxinogènes (vibrions cholériques).
Aujourd’hui, les mesures d’assainissement et d’hygiène collective et individuelle ont mené à la disparition du choléra en France (hors Guyane et Mayotte, où des épidémies sporadiques et limitées ont été décrites dans les décennies 1990-2000 dans les deux précédentes décennies). En France métropolitaine, le choléra, qui fait l'objet d'une déclaration obligatoire, est en effet une pathologie importée rare. Les cas symptomatiques de choléra sont essentiellement liés à l'absorption de boissons ou d’aliments contaminés à l’étranger.
Le signalement précoce des cas suspects et confirmés, et la notification des cas confirmés ont lieu à partir d'un seul cas. Ils permettent la gestion des cas de choléra d’importation dans les meilleurs délais. Entre 0 et 2 cas de choléra sont déclarés chaque année en France depuis 2000, ils concernent des voyageurs de retour de zone d’endémie. C’est un chiffre faible et en diminution.
S’il est rare dans l’Hexagone, le choléra peut être à l’origine de symptômes digestifs et de déshydratation sévères. Même si les risques de contamination et d’épidémie sont très limités sur le territoire français, la surveillance épidémiologique de Santé publique France requiert le signalement précoce des cas dès la suspicion de cette infection afin d’en prévenir la propagation.
Une transmission interhumaine et environnementale
L'homme est le principal réservoir du choléra. Mais dans certaines régions, l’environnement peut également jouer ce rôle, aboutissant alors à une circulation des vibrions cholériques sur un mode endémique.Le choléra est lié à l’absorption d'eau ou d'aliments contaminés. Les bacilles, ou vibrions cholériques, sécrètent dans l'intestin la toxine cholérique, qui provoque la perte d'eau et d'électrolytes (jusqu’à 15-20 litres par jour). Les selles diarrhéiques libérées en grande quantité propagent des bacilles dans l'environnement et la transmission oro-fécale.
Les fortes concentrations de population, associées à une hygiène du milieu défectueuse, favorisent l'apparition et le développement des épidémies de choléra.
Une prévention qui passe par l’hygiène et la vaccination
Lorsque les règles d’hygiène de base sont respectées, le vibrion responsable du choléra est peu transmissible. La chloration adaptée de l’eau et les mesures d’hygiène de base suffisent généralement à prévenir les contaminations.
En cas de voyage dans ces zones endémiques, le respect des mesures d’hygiène (hygiène alimentaire avec consommation d’aliments cuits et chaud, d’eau en bouteille capsulée, éviction des glaçons, et lavage des mains) reste la meilleure des préventions.
Il n'existe pas de vaccin actif contre les Vibrio cholerae du sérogroupe O139. En revanche, les personnels de santé allant travailler auprès de patients ou dans des camps de réfugiés en période d’épidémie peuvent bénéficier du vaccin anti-cholérique (contre différentes souches Vibrio cholerae O1 et une sous-unité B de la toxine cholérique recombinante) administré par voie orale (2 doses à une semaine d’intervalle chez les adultes et 3 doses à une semaine d’intervalle chez les enfants de 2 à 6 ans).
De sévères symptômes intestinaux
La durée d'incubation du choléra est courte, de quelques heures à cinq jours.
La plupart des personnes contaminées par Vibrio cholerae présentent peu ou pas de symptômes, bien qu’on puisse retrouver le bacille dans leurs selles pendant une à deux semaines. En cas de maladie, 80 à 90 % des épisodes sont bénins ou modérément sévères et il est alors difficile de les distinguer cliniquement d'autres types de diarrhées aiguës.
Moins de 20 % des malades développent l’ensemble des symptômes typiques du choléra, avec des symptômes de déshydratation modérée à sévère : violentes diarrhées abondantes en « eau de riz », vomissements, sans fièvre.
En l'absence de traitement, la mort survient en 1 à 3 jours, par collapsus cardio-vasculaire dans 25 à 50 % des cas. La mortalité est plus élevée chez les enfants, les personnes âgées et les individus fragilisés.
Le diagnostic du choléra est clinique et biologique. Il repose sur la mise en évidence de V. cholerae sérogroupe O1 ou O139 producteur de toxine cholérique dans les selles d’un malade. En cas de suspicion d’isolement d’une souche de vibrion cholérique, il faut prendre immédiatement contact avec le Centre National de Référence des vibrions et du choléra pour typage et confirmation du diagnostic : https://www.pasteur.fr/fr/sante-publique/cnr/les-cnr/vibrions-cholera
Un traitement basé sur la réhydratation
Le traitement du choléra consiste essentiellement à compenser les pertes digestives d'eau et d'électrolytes. En fonction de l’importance de la déshydratation, la réhydratation a lieu par voie orale ou en intraveineuse. Une amélioration de l’état du sujet est visible rapidement (en quelques heures) et la guérison survient en quelques jours. Il n’y a pas de séquelles. L'antibiothérapie peut être utile dans certains cas graves, mais des souches multi résistantes peuvent apparaître.
Une circulation endémique en Asie du sud
Le choléra fait régulièrement l’objet d’épidémies dans les pays en développement où il évolue selon les pays sur un mode endémique et/ou épidémique.
Le monde vit depuis 1961 la septième pandémie de choléra, causée par le sérogroupe O1 de Vibrio cholerae.
Le choléra est en effet, endémique dans le sous-continent indien depuis plusieurs siècles. Le choléra s’est répandu à partir de 1817 à toute l'Asie, au Moyen-Orient ainsi qu'à une partie de l'Afrique, lors de la première pandémie cholérique. Les pandémies suivantes se sont également développées à partir de l’Asie et ont été facilitées par l'amélioration des moyens de transport. La septième pandémie, partie d'Indonésie en 1961, a touché l'Asie en 1962, le Moyen-Orient et une partie de l'Europe en 1965, l’Afrique en 1970, et l'Amérique du Sud en 1991.
Sur l’île d’Hispaniola une épidémie est en cours depuis l’émergence du V. cholerae sérogroupe O1 en 2010 en Haïti.
Aujourd’hui, l'Afrique et l’Asie, sont les deux zones les plus touchées par le choléra. La maladie y est en expansion. L’épidémie déclarée au Yémen depuis 2016 est la plus importante jamais documentée.
En 1992, une souche de Vibrio cholerae appartenant au nouveau sérogroupe O139 est apparue en Inde et au Bangladesh. Depuis, elle provoque des épidémies dans plusieurs pays d'Asie et pourrait un jour être à l'origine d'une huitième pandémie.Le choléra est la première maladie à avoir fait l’objet d’une notification internationale (depuis 1892).