Zika : la maladie
Une maladie infectieuse virale
Le Zika est une maladie due à un arbovirus : le virus Zika.
Ce virus du genre Flavivirus appartient à la famille des Flaviviridae dans laquelle on retrouve les virus de la dengue, du West Nile et de la fièvre jaune. Il a été isolé pour la première fois en 1947 en Ouganda, dans la forêt de Zika d’où il tire son nom.
Le virus Zika est majoritairement transmis par des moustiques, du genre Aedes. L’infection est en général non compliquée mais peut parfois être responsable de complications embryo-foetales et neurologiques sévères.
Dans ce contexte, les enjeux de Santé publique France sont :
- définir, piloter et coordonner la surveillance épidémiologique du Zika en France,
- adapter la surveillance aux spécificités et risques régionaux : dispositifs de surveillance renforcée dans les départements métropolitains colonisés par le moustique vecteur et dispositifs spécifiques aux différents départements d'outremer avec les Cellules d'intervention en région en lien avec les agences régionales de santé,
- contribuer à l’information et la sensibilisation des professionnels de santé, des collectivités locales et du grand public sur la maladie et les mesures de prévention.
Plusieurs modalités de transmission du Zika
Transmission vectorielle
Le virus Zika se transmet majoritairement par des moustiques appartenant au genre Aedes dont principalement Aedes aegypti. Aedes albopictus (aussi appelé « moustique tigre ») serait un vecteur compétent mais secondaire de ce virus. Lors d’une piqûre, le moustique se contamine en prélevant le virus dans le sang d’une personne infectée et pourra, à l’occasion d’une autre piqûre, transmettre le virus à une nouvelle personne.
Une personne infectée est "contaminante pour les moustiques" au moment où le virus est présent dans son sang. Pour le Zika, le virus est présent dans le sang 1 à 2 jours avant l’apparition des symptômes et jusqu’à 7 jours après. Pendant cette période, si une personne infectée se fait piquer, elle peut transmettre le virus à d’autres moustiques qui deviennent à leur tour capable de transmettre l’infection.
Transmission par voie sexuelle
La transmission du virus Zika peut se faire lors de rapports sexuels non protégés :
- à partir d’un homme infecté, plus fréquemment lors de rapports hétérosexuels qu’entre hommes (pendant quelques mois après le début de l’infection),
- la transmissibilité du Zika par voie sexuelle à partir de femmes infectées est également possible mais peu documentée.
Transmission de la mère au fœtus
Le virus Zika peut se transmettre directement de la mère à l’enfant si la mère est infectée pendant sa grossesse.
Autres modes de transmission possibles
- transfusion,
- greffe,
- le virus Zika a été isolé dans la salive et le lait maternel sans que des transmissions aient été formellement prouvées à ce jour.
Symptômes et complications
50 à 80% des personnes infectées par le virus Zika ne présentent pas de symptômes.
Lorsqu’ils sont présents les symptômes apparaissent après une incubation de 3 à 14 jours. Il s’agit classiquement de :
- Une éruption cutanée (exanthème maculo-papuleux), éventuellement accompagnée de démangeaisons,
- Une fièvre modérée qui peut être absente,
- Une conjonctivite, une fatigue, des douleurs musculaires et articulaires, des maux de tête et des douleurs rétro-orbitaires.Ces signes durent quelques jours et disparaissent spontanément.
Des complications sont rares mais possibles, notamment :
- Complications neurologiques : syndromes de Guillain-Barré principalement,
- En cas d’infection par le virus Zika pendant la grossesse l’infection peut être transmise au fœtus dans quelques cas (de l’ordre de 20 à 30%) et entraîner chez certains fœtus des complications caractérisées par des anomalies du développement neurologique et cérébral intra-utérin (dont des microcéphalies, taille anormalement petite du crâne).
Diagnostic
L’infection par le virus Zika peut être diagnostiquée par des examens biologiques :
- recherche du génome (ARN) du virus dans le sérum, le sang, les urines, le sperme et d’autres liquides biologiques (examen direct par RT-PCR),
- sérologie sur un prélèvement de sang (détection des anticorps spécifiques de la maladie Zika (IgM et IgG anti-Zika).
La démarche diagnostique, recommandée est la suivante :
- Jusqu’à 5 jours après le début des signes (J5) : RT-PCR dans le sérum
- Entre J5 et J7 : RT-PCR dans le sérum et sérologie
- Après J7 : sérologie uniquement (IgG et IgM) avec un second prélèvement de confirmation au plus tôt 10 jours après le premier prélèvement
En plus de ces analyses, une PCR peut être réalisée dans les urines jusqu’à 10 jours après le début des symptômes. Ainsi, il est primordial d’identifier avec précision la date de début des signes (DDS) afin de choisir les analyses à réaliser.
Les prélèvements sanguins peuvent être réalisés par tout laboratoire d’analyses et de biologie médicale. Chaque échantillon doit être accompagné d’une fiche de renseignements cliniques. La confirmation biologique du zika est particulièrement importante dans les DOM et départements de France Métropolitaine où le vecteur (respectivement Aedes aegypti et Aedes albopictus) est implanté.
Traitement
Il n’existe pas de traitement spécifique contre le Zika. Le traitement consiste à soulager les symptômes et repose notamment sur la prise d’antalgiques (comme le paracétamol).Les médicaments de type salicylés (aspirine) sont à éviter du fait de la coexistence de la dengue dans les zones où circule le virus Zika et du risque induit de saignement.
Une prise en charge en milieu hospitalier peut être nécessaire dans les cas compliqués.
Les femmes enceintes doivent consulter un médecin en cas de signes évocateurs au retour de zone de circulation du virus Zika, ou indiquer qu’elles ont été exposées au virus zika en cas de séjours ou de rapports sexuels non protégés avec une personne ayant séjourné dans une zone de transmission du virus compte-tenu des complications possibles chez le fœtus. En cas d’infection par le virus Zika, elles doivent être suivies en lien avec un Centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDPN).
Prévention
Actuellement, il n’existe pas de vaccin contre le Zika.
La prévention des piqûres de moustiques repose sur des actions individuelles et collectives.
Prévention individuelle
La prévention individuelle repose essentiellement sur les moyens de protection contre les piqûres de moustiques : répulsifs en sprays ou crèmes, serpentins, diffuseurs électriques, vêtements longs, moustiquaires.
Une protection particulièrement nécessaire la journée, les moustiques vecteurs Aedes piquant surtout la journée, essentiellement à l’extérieur des maisons, avec une activité plus importante en début de matinée et en fin de journée.
Prévention collective et lutte antivectorielle
La prévention et la lutte collectives contre les moustiques reposent également sur la lutte antivectorielle et la lutte communautaire.
La lutte contre les vecteurs d’agents pathogènes, comme par exemple les moustiques, est qualifiée de lutte antivectorielle. Dans son acception la plus large, cette lutte antivectorielle comprend la lutte et la protection contre ces insectes. La lutte antivectorielle s’appuie sur des méthodes qui diffèrent selon les vecteurs et selon les contextes épidémiologiques et socio-économiques. Elle inclut la lutte chimique, la lutte biologique, la lutte génétique, l’action sur l’environnement, l’éducation sanitaire, la mobilisation sociale et l’évaluation permanente de toutes ces méthodes.
Son objectif est de contribuer, au côté d’autres actions de santé publique, à diminuer les risques d’endémisation (installation durable d’une maladie dans une région) ou d’épidémisation, à diminuer la transmission d’agents pathogènes par des vecteurs, à gérer les épidémies de maladies à vecteur, le tout dans un cadre stratégique formalisé.
En fonction de l’échelle à laquelle cette lutte contre les moustiques est réalisée, on distingue la lutte réalisée à l’échelle de territoires (département, communes) de celle réalisée au niveau individuel, qui vise plus particulièrement les lieux de développement des moustiques qui se situent à proximité directe des habitations.
La lutte antivectorielle à l’échelle de territoires est réalisée par des opérateurs publics de démoustication. La lutte chimique a deux composantes :
- larvicide, dont l’action est dirigée spécifiquement contre les larves de moustiques,
- adulticide, dont l’action est dirigée spécifiquement contre les moustiques adultes.
La lutte communautaire, de la responsabilité de tous, repose sur :
- la destruction des gîtes larvaires potentiels autour des habitations (eau stagnante dans les soucoupes, gouttières, vases, seaux, détritus...),
- la protection individuelle contre les piqûres de moustique.
Prévention de la transmission sexuelle
Rapports sexuels protégés jusqu’à trois à six mois après le retour d’un séjour en zone de circulation du virus Zika ou le début des symptômes en cas d’infection symptomatique.
En cas de grossesse : si possible, reporter les séjours dans des zones de transmission du virus Zika.
Pour les femmes ayant un projet de grossesse qui envisage un voyage en zone d’épidémie de Zika, une contraception peut être également proposée.
Appliquer les moyens de protection individuelle contre les piqûres de moustiques.
Rapports sexuels protégés pendant toute la durée de la grossesse lorsque le ou la partenaire a été exposé(e) au virus Zika.
Prévention de l'infection due au virus Zika selon le mode de transmission (ces recommandations s'appliquent aux personnes vivant dans une zone de circulation du Zika et aux voyageurs qui s'y rendent)
Précautions à prendre au retour d’une zone d’endémie :
- Consulter un médecin en cas de symptômes évocateurs (ces symptômes peuvent apparaitre jusqu’à 12 jours après le départ d’une zone où circule le virus Zika).
- Se protéger des moustiques dès l’apparition des symptômes, pendant 7 jours, afin d’éviter de transmettre le virus à un moustique dans les départements où les moustiques Aedes sont présents et à leur période d'activité.
Des territoires français diversement concernés
Aux Antilles et en Guyane, une épidémie de zika a sévi en 2016, pendant l’épidémie majeure qui a atteint l’Amérique latine et la Caraïbe. Environ 80000 personnes ont consulté dans ces départements pour infection à virus zika. Le vecteur est le moustique Aedes aegypti.
En métropole, le moustique Aedes albopictus (moustique tigre) est présent dans plusieurs départements et la transmission du virus Zika est théoriquement possible à partir de fin-avril début mai jusqu’à l’hiver (période à laquelle les moustiques tigre adultes ne survivent pas).
En 2019, pour la première fois, une transmission probablement due au moustique tigre a été identifiée en France métropolitaine, avec un foyer de 2 cas dans le département du Var.
Dans l’océan Indien à Mayotte, Aedes aegypti et Aedes albopictus sont présents, à la Réunion, Aedes albopictus est largement majoritaire (Aedes aegypti y est résiduel). Il n’y a pas eu de transmission autochtone de Zika dans ces deux départements.