Diphtérie
Diphtérie

La diphtérie est due à une bactérie qui regroupe plusieurs espèces (Corynebacterium diphtheriae, C. ulcerans, C. pseudotuberculosis), porteuse parfois d’un gène à l’origine de la gravité de la maladie.

Mis à jour le 28 mai 2019

Diphtérie : la maladie

La diphtérie, une infection bactérienne disparue en France métropolitaine

La diphtérie due à la bactérie Corynebacteriumdiphtheriae est une maladie hautement contagieuse qui se transmet d'homme à homme. Ses conséquences les plus graves proviennent de la toxine qu'elle peut sécrèter. La bactérie est alors porteuse du gène codant la toxine (tox+). La principale manifestation de la maladie est une angine qui peut se compliquer d’atteintes cardiaques ou neurologiques et entraîner le décès.
Grâce à une couverture vaccinale très élevée, la diphtérie due à Cornybacterium diphtheriae a disparu en France métropolitaine. Depuis 2002, à l’exception d’un cas, tous les cas déclarés était des cas importés. Les derniers cas sont dus à des souches importées de Madagascar, de Russie, d’Afrique de l’Ouest et du Pakistan.

La surveillance de la diphtérie s’est étendue en 2003 aux infections dues aux bactéries Cornybacterium Ulcerans transmises à l’homme par le lait cru ou les animaux de compagnie et Cornybacterium tuberculosis transmises par les caprins. Ces bactéries peuvent également produire la toxine diphtérique.

La diphtérie, doit faire l’objet d’une notification dès que Corynebacterium diphtheriae, ulcerans ou pseudotuberculosis a été isolé et que le gène de la toxine a été mis en évidence.

Les chiffres-clés de la diphtérie
Infographie concernant la diphtérie

La diphtérie, une infection très contagieuse

La bactérie Corynebacteriumdiphtheriae se transmet directement par le biais des secrétions rhinopharyngées ou des plaies cutanées et très rarement par contact indirect avec des objets souillés par des secrétions de malades. La période d'incubation varie de 2 à 5 jours.

La bactérie C. ulcerans se transmet classiquement par le lait et les contacts avec les bovins. Des contacts avec des chats ou des chiens ont été décrits. La transmission interhumaine n’a pas été documentée. 

La bactérie C. pseudotuberculosis peut également être transmise à l’Homme par les chèvres.

Une prévention vaccinale

La vaccination contre la diphtérie est obligatoire chez le nourrisson. La primovaccination des nourrissons comporte deux injections à l’âge de 2 et 4 mois, suivies d’un rappel à l’âge de 11 mois. Les rappels ultérieurs sont recommandés à l’âge de 6 ans, avec un vaccin combiné contenant la valence coqueluche acellulaire (Ca) avec les composantes tétanique et diphtérique à concentration normale, (DTCaPolio), puis, entre 11 et 13 ans, avec un vaccin combiné contenant des doses réduites d’anatoxine diphtérique et d’antigènes coquelucheux (dTcaPolio). Par la suite, les rappels de l’adulte sont désormais recommandés aux âges fixes de 25 ans, 45 ans et 65 ans, puis tous les 10 ans (intervalle de dix ans à partir de 65 ans, compte-tenu de l’immunosénescence), en utilisant un vaccin combiné tétanique, poliomyélitique et diphtérique à dose réduite d’anatoxine (dTPolio). La vaccination est obligatoire chez les professionnels de santé (rappels effectués aux mêmes âges fixes (25 ans, 45 ans et, en fonction de la poursuite des activités professionnelle, 65 ans), avec un vaccin contenant une dose réduite d’anatoxine diphtérique (dTPolio) et est particulièrement recommandée chez les voyageurs en zone d'endémie.

Une disparité territoriale

La vaccination généralisée contre la diphtérie a permis une disparition des cas autochtones de diphtérie dues à C. diphtheriae dans les pays de l’Europe de l’Ouest. Pour autant, la maladie reste un problème majeur de santé publique dans certaines régions du monde (ex-URSS, sous-continent indien, Asie du Sud-Est, Afrique…), sources de cas importés pour les autres pays.
Par ailleurs, Mayotte est devenu le 101e département français en 2011. Depuis 2011, des isolements de C. diphtheriae tox+ ont été notifiés aux autorités de santé.
Cette survenue épisodique de cas de diphtérie à Mayotte, majoritairement importés des Comores, a nécessité un avis du HCSP relatif à l’adaptation de la conduite à tenir lors de la survenue d’un cas de diphtérie cutanée dans le département de Mayotte.

Diphtérie cutanée : adaptation de la conduite à tenir pour Mayotte
Télécharger : https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=301

La diphtérie, une atteinte principalement orl

Le tableau classique généré par Corynebacteriumdiphtheriae est celui d'une atteinte ORL avec une angine diphtérique, peu fébrile, plus ou moins dysphagique avec pâleur et adénopathies sous-maxillaires. Les amygdales sont recouvertes de fausses membranes blanchâtres, de couleur crème ou grisâtre, très adhérentes, plus ou moins extensives dans le pharynx. Des aspects moins typiques peuvent se rencontrer où l'exsudat fait évoquer en particulier une mononucléose infectieuse. Les angines graves comportent des fausses membranes extensives et saignantes. L'extension peut concerner le larynx avec obstruction et asphyxie (croup). Elle peut même concerner la trachée et les bronches.

La diphtérie cutanée se repère par la présence de fausses membranes sur une plaie ou d’une ulcération cutanée préexistante, alors volontiers polymicrobienne.

La gravité de la diphtérie, outre les atteintes obstructives de l’appareil respiratoire, est liée à la diffusion de l'exotoxine du bacille diphtérique dans le myocarde et dans le système nerveux.

C. ulcerans peut également produire les mêmes tableaux cliniques que C. diphtheriae alors que C. pseudotuberculosis entraîne le plus souvent une lympho-adénite.

Une prise en charge par antibiothérapie et sérothérapie

La prise en charge thérapeutique d’un cas de diphtérie, porteur du gène codant la toxine diphtérique outre le traitement spécifique comprend l’antibiothérapie, la sérothérapie, l’isolement respiratoire en cas d’atteinte ORL et la mise à jour du statut vaccinal.

La prévention autour d’un cas de diphtérie passe par la détection rapide des cas et de leurs contacts humains et leur prise en charge immédiate. La recherche des contacts animaux en cas d’identification de C. ulcerans ou pseudotuberculosis et leur prise en charge est d’ailleurs fortement recommandée.