La santé mentale, une composante essentielle de la santé
La santé mentale est une composante essentielle de la santé et représente bien plus que l’absence de troubles ou de handicaps mentaux. Selon l’OMS, la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».
Lors de la première Conférence ministérielle européenne de l’OMS sur la santé mentale (Helsinki, janvier 2005), les ministres des Etats membres de la région européenne de l’OMS ont reconnu que la promotion de la santé mentale, la prévention, le traitement, les soins des troubles mentaux ainsi que la réadaptation constituaient une priorité pour l’OMS et ses Etats membres.
- La santé mentale représente bien plus que l’absence de troubles mentaux.
- La santé mentale fait partie intégrante de la santé : il n’y a pas de santé sans santé mentale.
- La santé mentale est déterminée par de nombreux facteurs : socio-économiques, biologiques et environnementaux, dont l’environnement de travail. Les conditions de travail sont en effet un déterminant important de la santé mentale.
- La dépression est l’une des principales causes d’incapacité.
- Environ la moitié des troubles mentaux se manifestent avant l’âge de 14 ans.
- Il existe des stratégies et des interventions intersectorielles d’un bon rapport coût/efficacité pour promouvoir, protéger et recouvrer la santé mentale.
Les trois dimensions de la santé mentale
- La santé mentale positive qui recouvre le bien-être, l'épanouissement personnel, les ressources psychologiques et les capacités d’agir de l’individu dans ses rôles sociaux.
- La détresse psychologique réactionnelle (induite par les situations éprouvantes et difficultés existentielles (deuil, échec relationnel, scolaire...), qui n’est pas forcément révélatrice d’un trouble mental. Les symptômes, relativement communs et le plus souvent anxieux ou dépressifs, apparaissent généralement dans un contexte d’accidents de la vie ou d’événements stressants et peuvent être transitoires. Dans la majorité des cas, les personnes en détresse psychologique ne nécessitent pas de soins spécialisés. Toutefois, mal repérée ou mal accompagnée, la détresse psychologique peut faire basculer la personne dans une maladie ou multiplier les difficultés sociales. Lorsqu’elle est temporaire et fait suite à un événement stressant, elle est considérée comme une réaction adaptative normale. En revanche, lorsqu’elle devient intense et perdure, elle peut constituer l’indicateur d’un trouble psychique.
- Les troubles psychiatriques de durée variable, plus ou moins sévères et/ou handicapants, qui se réfèrent à des classifications diagnostiques renvoyant à des critères, à des actions thérapeutiques ciblées, et qui relèvent d’une prise en charge médicale. Les conséquences liées aux affections psychiatriques peuvent être majeures :
- handicaps,
- décès prématurés,
- discrimination et exclusion.
Les troubles mentaux, une forte prévalence
Les troubles mentaux présentent un très large spectre, allant des troubles légers et ponctuels à des troubles sévères, chroniques et invalidants. Les troubles mentaux représentent l’un des principaux fardeaux en matière d’années de vie perdues en bonne santé. En France, les « maladies psychiatriques » associées à l’ensemble des « traitements chroniques par psychotropes » (dont les anxiolytiques et hypnotiques) représentent 14 % des dépenses totales et le premier poste de dépense de l’Assurance Maladie. Ils représentent la première cause d’années vécues avec une invalidité. Ils sont responsables de 35 à 45 % de l’absentéisme au travail.
La santé mentale, un enjeu prioritaire
La santé mentale est un véritable enjeu de santé publique et une priorité de l’agence. Notre programme santé mentale est transversal et s’inscrit dans le continuum de nos missions : de la connaissance à l’action. Son objectif est d’améliorer le bien-être de la population et de diminuer la morbidité et la mortalité associées aux troubles mentaux. Ce programme donne la priorité à la surveillance et à la prévention des troubles les plus fréquents en population générale, c’est-à-dire les troubles anxio-dépressifs, ainsi que des conduites suicidaires.
La surveillance en santé mentale
La surveillance en santé mentale concerne à la fois l’ensemble de la population et certaines populations spécifiques comme les travailleurs, les adolescents, les enfants et les jeunes, les personnes sous-main de justice.
Elle repose sur :
- Les données de recours aux soins : avec le recours aux urgences pour motifs psychiatriques (via Sursaud® ) et les données du Système national des données de santé (SNDS).
- Des enquêtes épidémiologiques dédiées qui peuvent être répétées dans le temps permettant une surveillance plus globale de la santé mentale (de la santé mentale positive aux troubles psychiatriques les plus fréquents en passant par les différents degrés de mal-être) ainsi que ses déterminants, dont la question des inégalités sociales de santé. Par exemple, le Baromètre santé en population générale, l’étude EnCLASS en milieu scolaire (en partenariat avec l’OFDT, l’EHESP, l’Inserm et l’Education nationale), ou encore le suivi de cohortes pour la surveillance épidémiologique en lien avec le travail (cohortes Coset).
- Des études spécifiques ponctuelles axées sur une population donnée (par exemple auprès des personnes détenues ou auprès des personnes exposées aux attentats du 13 novembre 2015 telle que l’étude ESPA).
Cette surveillance permet de produire des indicateurs de façon régulière en population générale ou dans des milieux spécifiques, dont le milieu de travail. Ces indicateurs concernent les troubles anxieux et dépressifs et les autres états de santé mentale (bien-être et détresse psychologique…), les actes et conduites suicidaires en population générale et dans des milieux / populations spécifiques tels que le milieu de travail, en milieu carcéral ou chez les adolescents.
De façon plus récente, ont été développés des indicateurs de prévalence des troubles moins fréquents : troubles psychotiques, troubles de l’humeur, troubles du spectre autistique.
Les jeunes enfants, un axe prioritaire du programme santé mentale : lancement d’une enquête nationale pérenne
Les premières années de la vie sont déterminantes pour le développement psycho-affectif des enfants, les apprentissages et leur capacité à s’adapter dans leur future vie d’adulte. L’enquête nationale sur la santé mentale des jeunes enfants (3-11 ans) a été lancée en 2021 par Adrien Taquet, Secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles et sera conduite en 2022. Elle s’intègre dans le dispositif global de surveillance de la santé mentale des enfants et des adolescents de Santé publique France, en complémentarité d’autres dispositifs existants, en particulier l’étude EnClass, portant sur les collégiens et lycéens.
Cette enquête, première en son genre, permettra de mesurer et suivre dans le temps l’état de santé mentale chez les enfants et de décrire les facteurs de risque et protecteurs de la santé mentale. Ses résultats seront un appui pour les acteurs et les pouvoirs publics dans leur stratégie de prévention et de prise en charge dans une perspective de bien-être nécessaire à l’apprentissage et au devenir adulte des enfants et des jeunes.
- En savoir plus : Enquête nationale sur la santé mentale des jeunes enfants
Une prévention réalisée par Santé publique France
Dans le champ de la prévention et de la promotion de la santé, trois axes stratégiques peuvent être dégagés qui nécessitent de développer des interventions sur les individus et leurs environnements :
- promouvoir le bien-être et prévenir les troubles ;
- identifier et orienter précocement afin d’éviter que les troubles ne s’installent, s’aggravent et se chronicisent ;
- améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de troubles.
Le Programme de promotion et prévention en santé mentale priorise trois axes de travail :
- Le renforcement des facteurs de protection et la promotion de la santé mentale positive via le développement des compétences psychosociales chez les enfants et les jeunes. Pour cela, l’Agence identifie, évalue et déploie des interventions probantes. Santé publique France mène l’évaluation et le suivi du déploiement de plusieurs programmes en milieu scolaire comme Unplugged, programme de prévention des addictions par le développement des compétences psychosociales, et GBG (good behaviour game), programme de prévention des comportements perturbateurs en classe, ainsi que du programme de soutien aux familles et à la parentalité à l’échelle des communes. Par ailleurs, un référentiel sur le développement des compétences psychosociales, ayant notamment pour objectif d’outiller les partenaires institutionnels est en cours d’élaboration.
- La prévention du suicide avec l’évaluation du dispositif Vigilans qui consiste à assurer une veille et un suivi des patients suicidants (prévention de la récidive) ainsi que le soutien aux opérateurs de la téléphonie santé dont le projet de numéro national de prévention du suicide porté par le CHU de Lille.
- L’information et la communication en direction du grand public visant à augmenter les capacités d’agir de la population et à lutter contre la stigmatisation des personnes souffrant de troubles psychiques (dispositifs de marketing social ; convention de partenariat avec le site Psycom pour mettre à disposition une information validée et de qualité sur la santé mentale et avec Premiers Secours en Santé Mentale France pour le déploiement du programme de formation aux premiers secours en santé mentale).
Un suivi renforcé et une prévention sur-mesure face à l’épidémie de COVID-19
Depuis mars 2020, l’épidémie de COVID-19 et les décisions prises pour la freiner bouleversent la vie de tous avec des conséquences visibles au niveau économique, social, comme affectif. L’enjeu majeur est de préserver un équilibre entre nécessité sanitaire et impact sur la vie en société.
Pour éclairer la décision publique, Santé publique France a mis en œuvre des études spécifiques et renforcé la surveillance : l’étude CoviPrev pour suivre les différentes dimensions de la santé mentale, les bulletins hebdomadaires de surveillance syndromique de la santé mentale, pour mesurer par exemple les gestes suicidaires ou les troubles anxieux à partir des passages aux urgences (Oscour®) ou des consultations SOS Médecins. Une attention particulière a également été portée à des populations spécifiques comme les enfants et adolescents (étude Confeado), les femmes enceintes (étude Covimater), les populations vulnérabilisées (Etude CovSa Familles 93) et les travailleurs (cohortes Coset, surveillance des maladies à caractère professionnel - MCP).
Une campagne inédite à destination du grand public « En parler, c’est déjà se soigner » a été menée en avril 2021 par Santé publique France et le ministère des Solidarités et de la Santé pour favoriser le repérage des principaux symptômes anxieux et dépressifs (perte d’appétit, troubles du sommeil, perte d’énergie/envie, irritabilité) et à orienter les personnes vers les dispositifs d’information (numéro vert 0 800 130 000, Psycom.org). En juin, un volet digital #JenParleA pour libérer la parole des « Ados » et les inciter à consulter le dispositif d’aide à distance Fil Santé Jeunes a complété le dispositif.
Un recensement des dispositifs d’aide à distance par thématique et par population est également disponible afin faciliter, en cas de besoin, l’accès aux professionnels de santé.
- Pour en savoir plus : santé mentale et COVID-19
L'aide à distance
Afin de répondre aux besoins d’information et d’aide de la population, plusieurs dispositifs d’aide à distance (ligne d’écoute, aide via internet) sont proposés. Santé publique France apporte son soutien à plusieurs dispositifs associatifs d’aide à distance qui interviennent dans le champ de la santé mentale, dans le cadre d’une politique de subventionnement ciblée.
- Des lignes d’écoute bénévoles intervenant dans le champ de la prévention du suicide et du mal être : SOS Amitiés, SOS Suicide Phénix, Suicide Ecoute et Phare enfants-parents.
- Des dispositifs plus spécifiques comme la ligne azur porté par SIS Association destinés es appels de personnes LGBT+ en difficulté, ou encore Fil Santé jeunes, dispositif généraliste pour les moins de 25 ans porté par l’Ecole des parents et des éducateurs d’Île de France.
Afin d’accompagner ces dispositifs dans une démarche d’amélioration continue de la qualité et mieux répondre aux exigences du public en matière de qualité de réponse dans le champ de la santé, Santé publique France a mis en place un label Aide en santé. Ce label doit être renouvelé et enrichi grâce à des référentiels de bonnes pratiques notamment dans le champ de prévention du suicide par l’aide à distance qui seront élaborés dans le cadre des articulations à mettre en place avec le numéro national de prévention du suicide.