Les infections sexuellement transmissibles : un problème de santé publique
Suite aux campagnes de prévention du VIH/sida dans les années 1980 et au début des années 1990, l’incidence de la gonococcie, de la syphilis et des autres infections sexuellement transmissibles (IST) d’origine bactérienne avait chuté dans plusieurs pays d’Europe de l’Ouest, dont la France. La fin des années 1990 et le début des années 2000 ont vu une recrudescence des IST, ainsi que la réapparition de certaines jusque-là quasiment éradiquées dans la plupart des pays occidentaux, en lien avec une baisse de l’utilisation des moyens de prévention.
La surveillance épidémiologique
La surveillance des IST bactériennes repose sur plusieurs dispositifs
- L’enquête LaboIST : Le recueil de données individuelles en continu via les deux réseaux de laboratoires Rénago et Rénachla contribuant à suivre la dynamique des infections à gonocoque et à Chlamydia trachomatis est désormais remplacé par une enquête ponctuelle pluriannuelle « LaboIST ». L’intérêt de cette enquête répétée tous les deux ans est de de pouvoir estimer le nombre total de diagnostics de plusieurs IST (gonococcies, chlamydioses, syphilis, Mycoplasme genitalium) au niveau national et régional.
- La surveillance des CeGIDD : tous les CeGIDD sont réglementairement concernés par cette surveillance qui porte sur l’infection à VIH, les hépatites virales, la syphilis, les infections à chlamydia, à gonocoque et à mycoplasme, les condylomes et l’herpès génital (données individuelles sociodémographiques, comportementales, cliniques, biologiques).
- Le réseau RésIST : Le réseau de cliniciens volontaires « RésIST » contribue à la surveillance des syphilis précoces (datant de moins d’un an et correspondant aux stades primaire, secondaire ou latente précoce) et des gonococcies. Télécharger le questionnaire.
- Les données du système national des données de santé (SNDS) : les données de remboursement des soins de l’assurance maladie permettent la surveillance de l’activité de dépistage des infections à Chlamydia trachomatis, de la syphilis et de la gonococcie en médecine de ville. Elles permettent également la surveillance des diagnostics d’infection à Chlamydia trachomatis en médecine de ville.
Pour surveiller l’évolution épidémiologique des infections sexuellement transmissibles, Santé publique France travaille en collaboration avec le CNR des IST bactériennes (gonocoque, Chlamydia trachomatis, Mycoplasma genitalium et syphilis) qui coordonne notamment le réseau LGV et la surveillance de la sensibilité du gonocoque et de Mycoplasma genitalium aux antibiotiques.
L’objectif de la surveillance épidémiologique est de produire des indicateurs permettant de caractériser les populations et les territoires les plus exposés, afin de de contribuer à l’orientation et à l’évaluation des actions de prévention dans le cadre de la stratégie nationale de santé sexuelle.
La surveillance de l'infection par le VIH inclut :
- La surveillance de l’activité de dépistage du VIH, réalisée grâce aux données des laboratoires de biologie médicale (recueil LaboVIH), complétées par le nombre d’autotests vendus en pharmacie. Sont également pris en compte les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) réalisés par les CeGIDD et ceux réalisés par les associations habilitées, dont le bilan est établi par la DGS.
- Les données sur les découvertes de séropositivité VIH sont disponibles grâce à la déclaration obligatoire du VIH/sida, réalisée par les biologistes et les cliniciens, qui doivent déclarer les cas qu’ils diagnostiquent par le biais d’une application web -e-DO-, depuis avril 2016. Les diagnostics de sida font également l’objet d’une déclaration obligatoire, réalisée sur e-DO par les cliniciens.
Parallèlement à la surveillance épidémiologique du VIH, Santé publique France a mis en œuvre une surveillance comportementale. Ainsi plusieurs dispositifs d’enquêtes réalisées auprès des populations à risque contribuent à améliorer la compréhension de la dynamique de ces infections au regard notamment des facteurs sociodémographiques, des modes de vie, des trajectoires sexuelles et des comportements à risque. Ces enquêtes sont des outils d’aide à la décision des politiques publiques de santé.
Lutter contre les infections sexuellement transmissibles grâce à des stratégies de prévention et de dépistage
Le grand public, mais aussi les populations les plus à risque de transmission des infections sexuellement transmissibles, les jeunes et les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes font l’objet de campagnes ciblées visant à les sensibiliser au dépistage et à la prévention par l’utilisation systématique du préservatif lors des rapports sexuels.
Santé publique France conçoit des dispositifs de marketing social adaptés aux différentes populations prioritaires : grand public, jeunes, hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes (HSH), migrants.
Concernant les IST bactériennes, le préservatif et le dépistage sont les seuls moyens de prévention.
Pour le VIH, d'autres stratégies de prévention sont également disponibles, c'est ce qu'on appelle la prévention diversifiée :
- l’utilisation systématique du préservatif lors des rapports sexuels ;
- le dépistage qui permet de bénéficier rapidement d'un traitement si une infection est diagnostiquée ;
- la PrEP (signifiant la prophylaxie pré-exposition) ;
- la TPE (signifiant le traitement post-exposition) ;
- pour les personnes séropositives, les TasP (signifiant Treatment as Prevention ou en français "traitement comme prévention").