A la suite du signalement partagé par le Royaume-Uni relatif à des cas d’hépatites aiguës sévères d’origine inconnue chez de jeunes enfants, un dispositif de remontée d’information standardisée impliquant un réseau de cliniciens et de laboratoires a été mis en place en France pour détecter un éventuel signal similaire sur le territoire. Une première définition de cas à destination des professionnels de santé a ainsi été publiée le 3 mai 2022. Aujourd’hui, sur la base de l’évolution des connaissances et après de nouveaux échanges avec son réseau de partenaires (cliniciens, biologistes), Santé publique France adapte la définition de cas pour améliorer sa sensibilité et être en mesure d’identifier des cas moins sévères, et donc potentiellement plus nombreux. En complément, la conduite à tenir a été mise à jour pour tenir compte de cette nouvelle définition de cas.
Un circuit de signalement des cas possibles en complément de la surveillance syndromique
Le circuit de signalement et d’investigation des cas possibles formalisé, en lien avec le ministère en charge de la Santé, s’appuie sur un réseau de cliniciens et de laboratoires incluant les quatre centres de transplantation hépatique (Necker, Bicêtre, Marseille, Lyon) et les services de réanimation pédiatrique. Son objectif est de détecter sur le territoire un éventuel signal similaire à celui observé au Royaume-Uni.
Le dispositif s’appuie sur une nouvelle définition de cas élaborée en collaboration avec les hépato-pédiatres et les trois Centres nationaux de référence impliqués (des hépatites virales B/C/Delta, des virus des gastro-entérites et des virus des infections respiratoires). La conduite à tenir devant un cas d’hépatite aiguë sévère chez les moins de 18 ans a été en conséquence mise à jour et diffusée par le ministère en charge de la Santé aux professionnels concernés.
Par ailleurs, Santé publique France continue d’analyser régulièrement :
- les données de passages aux urgences du réseau OSCOUR® pour une sélection de codes diagnostiques compatibles avec une hépatite aiguë d’étiologie inconnue (excluant notamment les hépatites virales A à E) chez les enfants de moins de 18 ans afin d'identifier une éventuelle hausse inhabituelle de ces cas sur la période récente ;
- les données d’hospitalisation (PMSI) pour pouvoir détecter une éventuelle augmentation du nombre de séjours hospitaliers compatibles avec une hépatite aiguë d’origine inconnue (données actuellement disponibles jusqu'à fin janvier 2022).
Pourquoi fait on évoluer la définition de cas ?
La première définition relative aux cas pédiatriques d’hépatite aiguë a été élaborée avec l’objectif d’identifier rapidement des cas sévères d’origine inconnue et de les caractériser précisément. Le circuit d’investigation mis en place en lien avec le Ministère des Solidarités et de la Santé a identifié 2 cas. Il n’est pas possible en l’état actuel des connaissances de savoir s’il existe un lien entre ces cas et le signal rapporté par le Royaume-Uni.
Après de nouveaux échanges avec son réseau de partenaires (cliniciens, biologistes), Santé publique France adapte la définition de cas pour améliorer sa sensibilité et être en mesure d’identifier des cas moins sévères, et donc potentiellement plus nombreux.
Quelles sont les nouveautés ?
Les principales modifications apportées à la définition de cas ont été discutées avec le réseau de partenaires de l’Agence et notamment des hépato-pédiatres et des virologues. Elles concernent entre autres :
- La prise en compte systématique des cas d’hépatites aiguës avec infection par le SARS-CoV-2 ou par un adénovirus.
- Le retrait du critère d’un taux de prothrombine inférieur à 50% (critère de sévérité marquant une dysfonction majeure du foie) afin d’élargir le recueil à des hépatites moins sévères.
- Une précision des facteurs d’exclusion de la définition d’un cas possible et notamment : l’hépatotoxicité liée à un médicament, les virus classiquement responsables d’hépatites aiguës, et les autres causes bien connues pouvant entrainer une hépatite aiguë.
Ces modifications devraient engendrer la déclaration d’un plus grand nombre de cas. Ces cas ne sont pas inattendus en France mais leur signalement permettra de les investiguer de manière approfondie et de les relier, le cas échéant à l’alerte au Royaume-Uni.
La publication de cette définition de cas est à visée d’investigation et de surveillance épidémiologique, mais ne modifie pas la prise en charge médicale des enfants concernés.
Cas d'hépatites aiguës pédiatriques : point de situation au 23/05/2022 en France et à l’international
En France :
Deux cas possibles ont été signalés et 4 sont en cours d'investigation par les équipes médicales, en lien avec Santé publique France. La survenue de ces cas n'est pas inattendue et ne témoigne pas, à ce stade, d'un excès de cas en France.
A l’international :
- Au 19 mai 2022, 125 cas d’hépatite aiguë d’origine inconnue chez des enfants âgés de 16 ans ou moins ont été signalés dans 14 pays européens.
- Au 16 mai 2022, 197 cas d'hépatite aiguë d'étiologie inconnue ont été identifiés chez des enfants âgés de 10 ans ou moins au Royaume-Uni.
- Dans les autres pays, au 19 mai 2022, 313 cas d'hépatite aiguë chez des enfants ont été rapportés par 16 pays, sans qu’il soit possible à l’heure actuelle, de savoir s’ils représentent un excès de cas ou s’il s’agit du nombre habituel de cas dans la plupart des pays.
Un total de 614 cas a été rapporté dans le monde.