L’infection au COVID-19 : confinement, quels impacts sur la santé de la population ?
L’épidémie de COVID-19 et les conséquences du confinement ont eu des impacts sur la santé des Français en terme de consommation d’alcool et de tabac, sur l’alimentation et l’activité physique, la santé mentale, le recours aux soins. Toutes les enquêtes lancées par Santé publique France et ses partenaires depuis mars ont révélé que les comportements de la population ont évolué suite au confinement.
Face aux enjeux de santé que représentent l’alcool, le tabac, l’alimentation, la sédentarité… et leur impact sur la santé de la population, Santé publique France est pleinement mobilisée dans son champ d’action. Tout au long de cette crise sanitaire, nous avons surveillé l’évolution de ces indicateurs au travers d’enquêtes en population générale et en milieu professionnel afin de recueillir les informations nécessaires à l’orientation et à l’ajustement des mesures de prévention, notamment à destination des publics les plus vulnérables.
A plus long terme, ce suivi d’indicateurs servira à produire et capitaliser des connaissances sur les répercussions de la COVID-19, la santé mentale, la consommation de substances psychoactives, la nutrition, l’activité physique…
Par ailleurs, des campagnes et messages de prévention ont été produits dès le début de confinement, diffusés en télévision, radio et relayés sur les réseaux sociaux. Tous ces outils sont également disponibles sur le site internet.
Santé publique France a recensé et mis à disposition une liste de dispositifs d’aide à distance (sites internet de référence, écoute et de soutien en ligne…) pour informer, soutenir et écouter les personnes pendant la période de crise sanitaire et de confinement.
En savoir plus :
Le confinement imposé par l’épidémie de COVID-19 a bouleversé le quotidien des Français jusque dans leurs habitudes alimentaires. Les déplacements et les occasions de faire des activités hors domicile ont été restreints pendant plus de deux mois.
L’enquête Coviprev lancée en plusieurs vagues pendant le confinement a permis de questionner les Français sur l’évolution de leur activité physique et sportive, de leur alimentation, du temps passé assis et devant un écran. Les résultats de cette enquête montrent que :
- Le confinement a eu un impact certain sur les comportements alimentaires (alimentation moins équilibrée, plus de grignotage, davantage de fait-maison…)
- La tendance au grignotage et à la prise de poids s’est amplifiée au fil du confinement :
- 27% déclarent avoir pris du poids (contre 11% en avoir perdu) mi-avril et 36% à la mi-mai
- 22% déclarent grignoter entre les repas plus que d’habitude (contre 17% moins que d’habitude) mi-avril et 27% à la mi-mai
- L’activité physique a nettement diminuée : près de 6 personnes sur 10 ont fait moins de 30 min de marche par jour
- L’activité sportive est restée constante pour une grande partie des Français : 45% n’ont pas changé leurs habitudes (contre 37% avoir diminué)
- 6 personnes sur 10 ont augmenté leur temps d’écran
- 61% ont déclaré une augmentation du temps passé assis et une moyenne de près de 6h30 passées assis par jour pendant le confinement
En savoir plus :
- Impact du confinement sur l’activité physique et les écrans
- Confinement : quelles conséquences sur les habitudes alimentaires ?
- Enquête CoviPrev : une étude pour suivre l'évolution des comportements et de la santé mentale pendant l'épidémie
- Nutrition et activité physique (dossier)
Les actions mises en place
Des recommandations adaptées ont été proposées pendant la période de confinement sur le site mangerbouger qui a été une source d’informations et d’idées pour mieux bouger et manger (fiches recettes, exercices d’activité physique…).
Une série de vidéos ‘ma vie quotidienne’ pendant le confinement ont également été produites pour le grand public avec des astuces, des conseils pour préparer ses repas, faire de l’activité physique à domicile.
En savoir plus :
Le confinement a eu un impact certain sur le comportement des Français. L’ennui, le manque d’activité, le stress, le plaisir sont des facteurs ayant joué un rôle sur la consommation de tabac et d’alcool de la population.
L’enquête Coviprev, réalisée en plusieurs vagues depuis le début du confinement, a permis de révéler que :
- plus d’un quart des fumeurs ont augmenté leur consommation de tabac
- près d’un quart des Français ont diminué leur consommation d’alcool
En savoir plus :
- Impact du confinement sur la consommation de tabac et d’alcool
- Tabac (dossier)
- Alcool (dossier)
Les actions mises en place
Santé publique France a recensé et mis à disposition une liste de dispositifs d’aide à distance (sites internet de référence, écoute et de soutien en ligne…) pour informer, soutenir et écouter les personnes pendant la période de crise sanitaire et de confinement.
En savoir plus sur notre action de prévention et nos sites d'aide à distance
Dès le début du confinement, une diminution notable du nombre de consultations et un moindre recours aux soins des personnes présentant des maladies chroniques et pathologies aiguës a été observée. Face à l’ampleur de l’épidémie, au risque de contamination… une grande majorité de Français ont reporté les soins dont ils ont besoin pouvant entraîner une aggravation de leur maladie.
Les actions mises en place
Une campagne d’information portée conjointement par le ministère des Solidarités et de la Santé, l’Assurance Maladie et Santé publique France a été diffusée à la télévision et en radio pour rappeler la nécessité de se faire soigner, quels que soient vos problèmes de santé.
En savoir plus :
La santé mentale : un enjeu majeur de santé publique
millions souffrent de troubles psychiques sévères en France
La santé mentale regroupe différentes dimensions relatives au bien-être perçu, à la présence de symptômes associés à une détresse psychologique ou encore à la présence d’une maladie mentale, elle-même pouvant relever de réalités très différentes. L’Organisation mondiale de la santé estime que les maladies mentales se classent au troisième rang des maladies en termes de prévalence après les cancers et les maladies cardio-vasculaires. En France, environ 3 millions de personnes souffrent de troubles psychiques sévères. Les conséquences de tels troubles sont majeures pour l’individu concerné, qui présente un risque suicidaire accru, et plus largement un risque plus élevé de mortalité prématurée. Les troubles psychiques constituent également un enjeu prédominant pour la société aussi bien en matière de prise en charge médicale que d’insertion sociale et professionnelle.
La crise sanitaire : un impact certain sur la santé mentale des Français
La crise sanitaire a eu un rôle de catalyseur des problèmes de santé mentale en France, mettant en exergue la nécessité de porter une attention spécifique à cette dimension. En effet, la propagation du virus s’est accompagnée d’une montée de l’inquiétude face à l’infection et de la mise en place de mesures restrictives sur le plan social, dimension essentielle du bien-être. De même, l’isolement, la baisse d’activité physique, l’augmentation du stress, l’ennui, l’organisation du travail à domicile couplée à la gestion de la vie familiale… sont autant de facteurs qui peuvent avoir un impact sur la santé mentale.
des personnes interrogées au cours de la vague 21 (15-17 février 2021) de l’enquête CoviPrev présentaient un état anxieux ou dépressif
Les travaux réalisés par le biais des enquêtes menées auprès de la population confirment le contrecoup des confinements sur l’accroissement de la prévalence de troubles du sommeil, de symptômes anxieux, de symptômes dépressifs, ainsi que de symptômes persistants associés à un stress post-traumatique. Ces augmentations ont été particulièrement observées chez les jeunes ainsi que chez des populations ayant un statut socio-économique modeste. Elles se sont révélées aussi plus fréquentes dans le cas de consommation importante de médias délivrant des informations relatives à la Covid-19.
Les actions mises en place
Un tableau de bord des principaux indicateurs de santé mentale
Plusieurs signalements émanant des professionnels (services de psychiatrie et de pédiatrie notamment) portent sur une augmentation de la prise en charge de jeunes patients pour tentatives de suicides et autres diagnostics de santé mentale. Par ailleurs, les résultats issus de l’enquête Coviprev répétée dans le temps atteste d’une dégradation de la santé mentale. Dans ce contexte, la production de données de surveillance de l’état de santé mentale des populations a été renforcée.
Dans ce cadre, Santé publique France publie des bulletins hebdomadaires afin de suivre et analyser l’évolution des passages aux urgences et actes SOS Médecins (angoisse, comportements anxieux, états dépressifs…). Ces bulletins visent à informer l’ensemble des acteurs de la santé mentale de l’évolution de la santé mentale des français et contribuer ainsi aux orientations des prises de décision des décideurs, des actions menées par les acteurs de terrain, et plus largement à sensibiliser la population générale de ce constat.
En savoir plus : bulletins hebdomadaires de surveillance syndromique de la santé mentale
Des enquêtes en population générale et auprès des populations vulnérables
Santé publique France a mis en place un dispositif d’enquêtes permettant d’observer, entre autres, l’impact de cette épidémie et de la crise sanitaire sur la santé mentale des Français, et identifier les plus vulnérables. Ces enquêtes, en complément des connaissances scientifiques issues de l’analyse de la littérature, aident à la construction et au renforcement des messages de prévention auprès de la population.
En savoir plus :
- enquête CoviPrev : une enquête pour suivre l’évolution des comportements et de la santé mentale pendant l'épidémie
- enquête ViQuop "Vie quotidienne et prévention dans 60 foyers français à l’heure du coronavirus"
- enquête Conféado : une enquête pour mettre en évidence les facteurs associés aux troubles émotionnels des adolescents et l’impact des conditions de vie sur leur santé mentale
- enquête Covimater : une enquête pour évaluer chez les femmes enceintes le suivi de la grossesse ainsi que l’évolution des comportements et de la santé mentale pendant le premier confinement de la pandémie à SARS-CoV-2
- enquête sur la santé mentale des jeunes enfants pour mesurer et suivre dans le temps l’état de santé mentale chez les enfants pour décrire les différentes dimensions de la santé mentale, identifier les circonstances, les déterminants, l’impact sur le bien-être ou la qualité de vie
Zoom sur l’enquête CoviPrev
CoviPrev est une enquête répétée et conduite auprès d’un échantillon de 2000 personnes comparable à la population française en termes d’âge, de sexe, de catégorie socioprofessionnelle, de région d’habitation et de taille d’agglomération. Elle permet de suivre à un rythme régulier, l’évolution de la satisfaction de vie, des problèmes de sommeil et des états anxieux et dépressifs en population générale adulte.
Santé publique France publie régulièrement les résultats des différentes vagues de l’enquête CoviPrev :
Le recensement des dispositifs d’aide à distance
Pour faciliter l’accès aux professionnels de santé en cas de besoin, un espace dédié à la santé mentale pendant l’épidémie de COVID-19 a été créé sur le site internet de Santé publique France permettant de recenser tous les dispositifs d’aide à distance, classés selon les thématiques (violence, deuil, détresse psychologique, addictions, parentalité...) et par population (enfants, étudiants, personnes âgées…).
En savoir plus : liste des dispositifs d’aide à distance
La mise en place de dispositifs de prévention et promotion de la santé mentale
Campagne "en parler c’est se soigner"
Santé publique France et le ministère des solidarités et de la santé lancent le 6 avril 2021 une campagne digitale de sensibilisation à destination du grand public, avec une attention particulière portée aux 18-24 ans. L’objectif est d’encourager la parole auprès de son entourage, d’un professionnel de santé et de recourir aux dispositifs d’information et d’écoute existants.
- écouter les spots audios
- voir les stories en vidéos
- voir le spot TV de la campagne
- lire le communiqué de presse et le dossier pédagogique
Campagne "j’en parle à"
Dans la continuité de la campagne « En parler, c’est déjà se soigner », un dispositif spécialement adapté aux adolescents (11-17 ans) a été lancé le 14 juin 2021, puis rediffusée de janvier à juin 2022.
La campagne « j’en parle à » a pour objectif de limiter les impacts de la crise sanitaire sur la santé mentale des adolescents en les incitant à parler à un tiers de confiance et à recourir au dispositif d’aide à distance Fil Santé Jeunes, et notamment en privilégiant les services en ligne de celui-ci.
- Voir les films digitaux de la campagne
- Voir les micro-trottoirs de la campagne
- Voir les affiches de la campagne
- Communiqués de presse :
Campagne "ma vie au quotidien"
Santé publique France en collaboration avec le ministère en charge de la Santé et le Service d’Information du Gouvernement a développé dès le premier confinement en mars 2020 une série de vidéos courtes et informatives « Ma vie au quotidien » pour aider les Français à vivre le mieux possible les semaines de confinement. On y retrouve des conseils simples concernant le stress que génère cette période.
Autres outils de prévention du coronavirus pour les professionnels et le grand public
Depuis la mise en place du premier confinement en mars 2020, l’activité professionnelle des français et son organisation ont largement été modifiées : déploiement important du télétravail, cessations temporaires d’activité et continuité d’activité pour les activités jugées essentielles, avec un rythme accru ou ralenti selon les situations.
Les conséquences en termes de santé des modifications de l’organisation et de l’environnement de travail (manque d’ergonomie, impossibilité de s’isoler, stress, variation de la charge physique ou mentale, adoption de mesures barrières modifiant le geste professionnel…) associées aux effets plus larges du confinement sur l’activité physique, les soins etc. sont à surveiller, notamment en ce qui concerne les douleurs du bas du dos ou lombalgies. Rappelons que la lombalgie représente déjà habituellement des coûts humains et sociaux importants. C'est la première cause d’années de vie vécues avec incapacité dans le Monde.
Les actions mises en place
Santé publique France a mis en place une étude pour mesurer les effets de la modification de l’organisation du travail liée au premier confinement, sur la survenue et l’évolution de la lombalgie, chez les personnes en activité avant le confinement. L’étude a été réalisée au cours de trois vagues d’enquêtes menées dans le cadre de l’étude CoviPrev et a permis de questionner les personnes en activité sur leur situation de travail et leurs symptômes en bas du dos avant et à l’issue du confinement. Les résultats de l’étude ont permis de montrer que :
- la situation de travail pendant le premier confinement était associée à la survenue d’une lombalgie avec un risque significativement augmenté chez les personnes qui étaient nouvellement placées en télétravail, et chez celles qui avaient continué à travailler à l’extérieur du domicile à un rythme plus soutenu que d’habitude. On observe la survenue d’une lombalgie chez :
- environ 16 % des travailleurs nouvellement placés en télétravail et des travailleurs qui avaient continué à travailler à l’extérieur du domicile avec un rythme accru,
- 6 à 7 % des autres travailleurs (télétravail habituel, travail à l’extérieur du domicile au même rythme que d’habitude ou avec un rythme moins soutenu),
- la situation de travail était associée également à l’évolution d’une lombalgie préexistante.
Dans le contexte du second confinement, Santé publique France a développé une campagne de prévention auprès de partenaires et d’employeurs afin de les sensibiliser à la problématique de la sédentarité et mettre à leur disposition, ainsi que celle de leurs salariés, un kit pour limiter la sédentarité en télétravail comprenant :
Les études récentes, publiées pendant la période de confinement, montrant une augmentation du nombre de cas et de décès par Covid-19 dans les zones plus polluées sont peu nombreuses et doivent être considérées avec prudence.
En revanche, les données acquises depuis plus de 20 ans par Santé publique France et par le biais d’autres travaux publiés dans la littérature sur d’autres épidémies ont permis de rappeler que l’exposition à court et long terme à la pollution atmosphérique est un facteur de risque à l’origine de maladies aiguës et chroniques respiratoires et cardiovasculaires, et que la pollution favorise l’inflammation et diminue la réponse immunitaire de l’organisme face aux infections. Il est donc raisonnable de considérer la pollution de l’air comme un co-facteur de morbi-mortalité par COVID-19.
Indépendamment des nombreuses questions qui demeurent encore aujourd’hui ouvertes sur la question des liens entre pollution de l’air et COVID-19, Santé publique France a attiré l’attention de l’OPECST sur l’impact potentiel que peut engendrer une reprise brutale de l’activité sur la santé des populations les plus vulnérables.
Les actions mises en place
Santé publique France a été auditionnée le 11 mai 2020 sur les liens entre la pollution atmosphérique et l’épidémie de COVID-19, l’occasion de rappeler les données existantes relatives à l’impact du confinement sur la qualité de l’air ambiant et présenter les travaux à venir sur les relations entre pollution de l’air ambiant et l’épidémie de COVID-19.
Parmi les questions abordées, deux axes relèvent des missions de Santé publique France :
- l’estimation de l’impact sur la santé des variations constatées de la pollution de l’air du fait des mesures de confinement
- le rôle de la pollution atmosphérique dans le développement d’une vulnérabilité accrue de certaines populations au COVID-19
Pour ces deux axes, Santé publique France a adapté sa programmation 2020-2021 afin de mener des travaux pour :
- estimer les impacts à court terme et long terme des baisses de pollution atmosphérique ambiante occasionnés par les mesures prises pour limiter la propagation du virus
- étudier le lien entre l’exposition à long terme aux particules fines et le risque de décès et d’hospitalisation pour COVID-19
En savoir plus : Pollution de l’air et COVID-19 : audition de Santé publique France
La chaleur a un impact très rapide. L’état de santé des personnes les plus fragiles peut se dégrader rapidement et nécessiter des soins urgents. Chaque année, on observe pendant les épisodes de fortes chaleurs des recours aux soins pour des pathologies spécifiquement ou en grande partie dus à l’exposition à la chaleur : coup de chaleur ou hyperthermie, déshydratation et hyponatrémie. Les atteintes les plus graves peuvent conduire à des séquelles très importantes voire au décès.
C’est l’été mais le virus est toujours là. Une mise à jour du dispositif de surveillance et des messages de prévention canicule a été nécessaire, pour proposer de nouveaux outils adaptés au contexte de l’épidémie de COVID-19.
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